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Critique de Crossroads


Ciel d'Acier, roman polyphonique palpitant et instructif, vous convie à un festin de roi.
Celui de la tribu des indiens Mohawk sur plusieurs générations.

De tout temps, ils ont été perçus comme des bâtisseurs de grand talent.
Prétendument insensibles au vertige qu'ils éradiquaient à grandes lampées d'alcool, ces travailleurs hors norme constituèrent une main d'oeuvre de premier choix dans l'élaboration de monuments vertigineux.

Premier roman pour Michel Moutot, le résultat force le respect.
Mêlant habilement histoire contemporaine avec celle de la tribu des Mohawks, il revisite un siècle de gigantisme industriel tout en évoquant les tragédies et les hauts faits d'arme qui auront forgé le destin de ce peuple d'édificateurs.
De l'effondrement du pont de Québec de 1907 à celui du World Trade Center en passant par l'élaboration de l'Empire State Building et de la Liberty Tower, l'auteur s'appuie sur des personnages fictifs ayant traversé des situations ancrées dans le réel.

Passionnant de par la personnalité affichée de ses protagonistes, Ciel d'Acier l'est tout autant lorsqu'il fait montre d'une pédagogie historique captivante.
Notamment en évoquant l'après 11 septembre et ses particularismes aussi peinants que surprenants.
C'est avec stupeur que j'ai ainsi découvert qu'un corps pouvait, sous l'effet d'une pression gigantesque subie, tout bonnement s'évaporer.
Bon nombre de sauveteurs, au contact d'air vicié, développeront, par la suite, un cancer alors qu'aux dires de Juliani, ancien maire de NY, la qualité de l'oxygène était de première bourre.
Les anecdotes pullulent, égrenées au rythme des travaux gargantuesques de ces ironworker qui auront, ainsi, largement contribué à la construction d'une Amérique alors en pleine mutation.
Le saviez-vous, les jours suivant le 11 septembre, les chiens secouristes déprimaient à force de ne trouver que des cadavres c'est pourquoi les sauveteurs usaient de subterfuges en leur faisant découvrir de faux accidentés afin qu'ils recouvrent le moral !

Héros des temps modernes, certes, mais peuple qui aura payé un lourd tribut en son temps.
L'effondrement du pont de Québec, en 1907, est encore dans toutes les mémoires, en tout cas les leurs.
Une structure qui s'affaisse, un ingénieur, Théodore Cooper, quelque peu incompétent et ce sont 76 victimes dont 33 Mohawks qui le payeront de leur vie, décimant alors cette tribu généreusement pourvoyeuse d'ouvriers hors norme. Par la suite, il sera décrété que les Mohawks devront alors travailler sur des chantiers distincts afin d'éviter toute nouvelle hécatombe.

Si le travail d'Historien fascine, celui évoquant ce dur labeur magnétise itou.
Libres, tel est leur leitmotiv atavique, toujours d'actualité.
Se jouant de la gravitation tel l'homme-oiseau, l'ironworker répond à une tradition ancestrale continuellement perpétuée.

Us et coutumes (souder ses outils dans l'ossature metallique de la construction) parsèment généreusement cet ouvrage, apportant une réelle valeur ajoutée.

Il y aurait tant à dire sur ce roman magistral.
Le mieux est encore de s'y plonger corps et âme au rythme lancinant de ces intrépides et infatigables conquérants.
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