Cherub, tome 15 : Black Friday

S'étalant sur près de trente mois, l'opération de démantèlement du Clan Aramov est l'une des plus longues et des plus complexes de l'histoire de Cherub.

-Dis donc, il t'a drôlement marqué ce James. Tu n'a que son nom à la bouche depuis qu'on a quitté Londres.
-C'est le type le plus cool de l'univers, sourit André. Je voudrait tellement être comme lui, quand je serait plus grand.

L’instructeur bâilla à s’en décrocher la mâchoire.

— Où sommes-nous ? demanda-t-il.

— Nous allons bientôt nous poser, répondit Ryan.

À cet instant, l’avion plongea si brutalement qu’il dut se retenir aux accoudoirs pour ne pas être projeté contre le plafond de la cabine.

En cette heure tardive, la cité offrait un spectacle inquiétant. La circulation était fluide, mais des détachements de l’armée régulière, postés à des barrages mobiles, procédaient à des contrôles aux carrefours.

À l'approche d'un restaurant McDonald's, James remarqua une Dodge Challenger garée sur le parking, un véhicule caractéristique à la carrosserie orange vif et aux portières ornées du numéro 94.

-Attends, on va se marrer, gloussa-t-il avant de freiner brutalement puis de s'engager sur la bretelle menant au fast-food.

Après avoir garé la Mercedes sur le parking, James conduisit André jusqu'aux portes du restaurant.

-Je veux que tu cries un truc du genre: "Oh bon sang, un type est en train de vandaliser cette voiture orange."

Son élève le regarda avec suspicion.

-C'est encore une de tes embrouilles d'instructeur?

-C'est une embrouille, en effet, mais tu n'es pas concerné. Allez, fais ce que je te demande avant qu'on ne m'identifie.

-Eh! hurla André. Un malade est en train de massacrer cette bagnole orange!

James plongea sous une table à l'instant où une jeune femme blonde se précipita vers son protégé.

-Il est encore là? gronda-t-elle. Je vais le défoncer!

Lorsqu'elle déboula sur le parking, James courut jusqu'à la table qu'elle venait d'abandonner et se mit à dévorer ses frites.

Quelques secondes plus tard, l'inconnue regagna l'établissement.

-C'est ta copine? demanda André.

-Ma sœur, rectifia James en adressant à l'intéressée un geste de la main. Salut Lauren, comment tu vas?

-Espèce de fumier! grogna-t-elle. Tu ne perds rien pour attendre.

Mon collègue, M. Norris, nous rejoindra dès qu’il sera parvenu à sortir du bac à gravier où l’a précipité son ego sur-dimensionné. Je suis M. Adams, mais vous pouvez m’appeler James, tout simplement.

- C'est bien beau, la démocratie, mais les politiciens gouvernent le nez collé aux sondages.

Lorsqu'il poussa la porte coupe-feu, un gamin hilare lui jeta le contenu d'un seau d'eau au visage. Trempé de la tête au pieds, Ryan se figea et reconnut son petit frère Théo. L'enfant poussa un cri perçant, jeta le récipient et se rua vers la salle des fêtes.
_Espèce de sale petite ordure...
Il était sur le point de se lancer à sa poursuite lorsqu'il constata que le jean de James avait lui aussi souffert de l'attenta. Au regard du règlement disciplinaire de CHERUB, arroser un membre du personnel était un acte grave, et Ryan redoutait que Théo ne soit sévèrement sanctionné.
-C'est moi qu'il visait, plaida-t-il.
-Oui, c'est bien ce qui m'avait semblé, dit James. Allez, file, il ne pourra pas aller bien loin. Et lorsque tu l'auras attraper, je t'autorise officiellement à le chatouiller à mort.

-Je vois, dit Ryan. C'est avec elle que tu t'es envoyé en l'air dans la fon...
-Laisse tomber, c'est ma sœur qui a lancé cette rumeur, l'interrompit James. Plonge la main dans l'eau pendant deux secondes, et dis-moi si ça te paraît réaliste. En plus, elle est éclairée, et visible depuis une soixantaine de chambres.
-Dommage. C'était une chouette histoire. Tu es toujours avec Kerry ?
James secoua la tête.