Ma rivière enchantée
Dans les livres de
Scholastique Mukasonga planent les mémoires du génocide, de la colonisation belge, des histoires et des mythes africains. Planer n'est pas le bon terme, car ces mémoires imprègnent les phrases et les constructions de l'auteure. Une épaisseur sensible.
« La Rukarara, c'est donc ma rivière, même si elle n'a jamais coulé que dans mon imagination et dans mes rêves ». La mémoire des eaux rougies, des humiliations, des sourires et des légendes, le certificat d'apatride, le cordonnet qui entourait mes hanches, les missionnaires, la mémoire transmise, « Cette nuit, je suis la mémoire de l'arbre géant de Kivumu »…
Les autres livres, cette autre Afrique, « Un nuage de songes recouvrait le village », les vielles histoires transcendées par l'imagination littéraire, « les paroles se dissipent comme la fumée du tabac », le malheur…
« Un pygmée à l'école », j'ai particulièrement apprécié la tendresse pour conter cette haine qui parcourt les êtres, « Les Tutsi déplacés avaient subi bien des humiliations, ils n'étaient peut-être plus pour les Hutu que des cafards, mais ils n'étaient pas prêts à accepter que leurs enfants côtoient un Mutwa », et ses petites filles qui rompent le refus.
La transmission et l'invention romanesque. La mise en corps, en lettres, de contes et de réalités.
Lien :
https://entreleslignesentrel..