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Critique de Lune


Toutes les odeurs, les couleurs, les sons du Rwanda livrent leur pleine mesure dans le roman de Scholastique Mukasonga, prix Renaudot 2012.
Toute l'inquiétude, toutes les peurs, toutes les incompréhensions sont présentes et se lisent dans l'histoire du lycée internat de Notre-Dame du Nil situé à 2500 m d'altitude, au milieu des nuages du pays des milles collines.
Les années soixante-dix : des jeunes filles de milieu aisé (riches commerçants, militaires, ministres) et selon le quota imposé de 10%, un nombre réduit de filles « Tutsi » le fréquentent. Nous comprenons de suite les tenants et aboutissants que produira ce« mélange ». le malaise est bien présent et continu entre le mépris jusqu'à la haine de certains et la méfiance des autres.
Nous découvrons les sources de cette rivalité qui aboutira à l'un des grands génocides du XXe siècle. Querelles favorisées par l'horrible mentalité coloniale où la religion catholique prend une part de responsabilité bien démontrée par l'auteur en la personne de l'aumônier à la recherche de plaisirs douteux. Les paroles d'excitation à la haine qu'il tient lors de la poursuite meurtrière (le silence des professeurs belges et l'ignorance des coopérants français lors des faits interpellent) sont celles que je retiendrai essentiellement de ce livre.
Scholastique Mukasonga nous montre et démontre comment les liens de la haine (gratuite), l'influence, la manipulation, tout ce qui fait la laideur de l'homme conduira à cette horreur.
Un si beau pensionnat..., un programme visant à la formation de futures jeunes femmes responsables (la visite de la reine Fabiola est un morceau d'humour qui se déguste)..., la religion sectaire (les processions, cantiques, prières pour un oui, pour un non, les prénoms changés)..., la sorcellerie toujours présente, les us et coutumes de clans..., la folie d'un voisin en extase devant les Tutsis (ce qui nous permet de comprendre l'interrogation posée sur leur origine)..., donc un si beau pensionnat où couvent, microcosme de domination d'une ethnie sur l'autre, tous les ingrédients représentatifs de la destruction future.
Lecture aisée, simple sans fioritures inutiles, dialogues qui font rebondir l'histoire, nous font avancer pas à pas dans ce que nous pourrions croire, au début, être les relations tendues et perverses d'adolescentes en mal d'être jusqu'à découvrir que non, tout est politique, rien que politique et fanatisation.
Dans cette page d'Histoire, il y a cependant l'action finale qui donne à penser que l'homme peut toujours croire en l'homme. Et pourtant elle ne provient pas de celui (le religieux) dont on l'attendrait mais ne dévoilons rien...
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