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Critique de Roadreader


Les éditions rivages m'ont fait le plaisir immense de m'envoyer les deux volumes suivants de la saga policière de Thomas Mullen entamée avec Darktown. le premier volume était une excellente découverte, une plongée sidérante dans une époque douloureuse dont les stigmates se font encore sentir aujourd'hui.

Le premier volume avait posé les personnages et l'atmosphère tout en tension de cette ville d'Atlanta, qui au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, doit gérer l'afflux massif de nouveaux habitants noirs. Ceux-ci se retrouvent entassés dans des quartiers insalubres alors même que les premiers officiers noirs ont été engagés depuis deux ans. On retrouve donc le tandem Boogs et Smith, en 1950, toujours aussi différents dans leur mentalité mais obligés de se serrer les coudes face aux multiples obstacles qui se dressent face à eux, leur chef, McInnis, tente toujours de les soutenir face à l'hostilité des autres policiers et enfin l'officier Rake tente de faire la part des choses dans une ville chauffée à blanc par les tensions raciales.

Préparez-vous car ce second volume est particulièrement ambitieux. L'auteur ouvre une lucarne sur une époque complexe sur une ville et en pays en pleine mutation. Si vous vous attendez à suivre une enquête classique vous risquez d'être surpris. L'auteur signe une fresque dense qui aborde de manière frontale la question du melting-pot américain, mais aussi de l'ascension sociale, le fameux rêve américain. La question du racisme et de la ségrégation est centrale. L'auteur parvient à rendre compte d'un sujet complexe sans manichéisme, chacun des nombreux personnages a ses raisons d'agir comme il le fait, motivé par des émotions aussi puissantes que la colère, la peur, la haine ou la rancoeur.

Plusieurs intrigues s'entremêlent sans que jamais l'on se sente perdu. Entre le trafic d'alcool qui fait rage, la guerre de territoire entre gangs, la corruption de la police, les machinations des organisations racistes et même le parcours tragique de ce pauvre Jeremiah, il y a largement de quoi faire durant la lecture. Difficile de considérer un personnage comme étant principal. À moins de considérer l'année choisie par l'auteur comme étant un personnage à part entière. Pourtant malgré le nombre conséquent d'acteurs de cette époque, chaque personnages possède sa personnalité avec ses qualités, ses défauts, sa part d'ombre et de lumière. Chacun d'entre eux devra faire des choix cornéliens qu'il pourrait être amené à regretter, teintant ainsi de gris un  récit bien sombre au départ.

Le style journalistique de l'auteur pourra en rebuter certains. Il est vrai que l'on ne retrouve aucune trace de lyrisme ni aucune touche de poésie noire qu'affectionnent certains lecteurs de polar. Pourtant le style posé et précis de Mullen était exactement ce qui convenait pour narrer cette fresque dense et terriblement réaliste. Un style plus recherché aurait risqué de perdre le lecteur dans les méandres de Darktown.

Avec une grande maîtrise narrative l'auteur dresse le portrait d'une époque trouble et nous offre la possibilité d'être témoin d'une page importante de l'histoire des U.S.A. une page souillé par la haine, la peur mais aussi parcouru d'une colère digne et d'une fierté qui ne dit pas encore son  nom. Et le tout sans manichéisme, en exposant toute la complexité de l'époque et le tourbillon d'émotions radicales que cela déclenche. du beau travail.
Lien : https://culturevsnews.com/
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