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Critique de Satyasaibaba


Très beau roman que celui-là où par bribes et morceaux, la narratrice évoque sa vie dans la Roumanie de Ceausescu. Un mariage raté et l'envie de se remarier avec un étranger pour partir à l'Ouest. Et pourquoi pas un Italien ? Alors, travaillant dans une usine de confection, elle glisse dans la poche de 10 pantalons de luxe destiné à l'Italie, un petit papier avec ces mots "Ti aspetto" , son nom et son adresse. Les petits papiers n'arriveront jamais en Italie. Depuis, régulièrement, la narratrice est convoquée. "Qu'est-ce qu'il perd ce pays si je le quitte pour un autre ? demanda-t-elle un jour au commandant qui assure les interrogatoires. "Quand on n'aime pas sa patrie, on ne peut pas comprendre", répondra-t-il. Et une autre fois : "A cause de ton comportement, toutes les femmes de notre pays se font traiter de putes à l'étranger". Voilà pour le crime.
Dans le tramway qui l'emmène pour une nouvelle convocation, "à dix heures précises, lui a dit Albu", la narratrice recompose le puzzle de sa vie. L'auteure y met beaucoup de poésie. de quoi atténuer le malaise, la poussière qui salit tout, l'envie de ne plus se lever le matin, la gueule de bois de l'ivrognerie ambiante. Ne pas répondre à la convocation, la narratrice y a souvent songé. Mais, "si tu n'y va pas, lui a dit Paul, l'homme qui partage aujourd'hui sa vie, ils viendront te chercher et ils t'auront pour toujours". Comme la belle Lilli, abattue à la frontière alors qu'elle tentait de passer en Hongrie avec son nouvel amoureux. L'étau est bel et bien là, comme un garrot d'angoisse qui serre le quotidien.
Sans avoir trop l'air d'y toucher, La convocation évoque le sort d'un peuple anesthésié, tenu par la suspicion et la délation, qui fait la file devant les boutiques vides et qui essaye de grappiller quand il le peut quelques instants de bonheur arrachés au sordide du quotidien. A la fois glauque et brillant.
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