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Critique de hannah851


Publier la correspondance entre deux personnalités marquantes de l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme n'est pas une chose aisée notamment pour la rendre accessible au plus grand nombre. Cependant, l'introduction et les notes du traducteur détaillent la vie et l'oeuvre des deux hommes donnant ainsi les jalons nécessaires à tout lecteur novice dans l'art de Wright et les écrits de Mumford.

En 1926, Frank Lloyd Wright a 59 ans et Lewis Mumford en a 31. L'un est au milieu de sa carrière dans une période difficile, l'autre au début de la sienne qui connaît une envolée. Tout les sépare, même la distance et, pourtant c'est le début de trente ans de correspondance. Celle-ci fluctuante en intensité selon la charge de travail des deux hommes connaîtra un seul arrêt durant dix ans en raison d'opinions divergentes sur la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, leur relation renaîtra pour mieux s'épanouir par la suite en échanges toujours aussi féconds et stimulants pour les deux hommes.

Les lettres sont riches en débats sur l'architecture et l'urbanisme contemporains où chacun exprime son point de vue sur ses théories, son oeuvre ou celles de ses collègues avec la plus grande franchise. Loin de se limiter à leurs disciplines respectives, les lettres dévoilent l'intérêt des deux hommes pour l'économie, la politique, la société et la famille. Malgré de nombreux points de vue divergents, ils ont conscience de l'importance de l'environnement dans la notion de l'habitat. Tous les deux adoptent d'ailleurs ce principe dans leur vie quotidienne loin des centres villes dans des maisons adaptées à leur conception comme Taliesin pour Frank Lloyd Wright.

La force et l'intérêt de ces lettres résident dans la manière où les deux hommes perçoivent leur relation. Si Lewis Mumford est plus retenu et distant dans ses propos, Frank Lloyd Wright est au contraire plus familier recherchant constamment un rapprochement entre eux. Les nombreuses invitations des Wright aux Mumford, les cadeaux comme les estampes japonaises de Wright ou la proposition de direction de l'école d'architecture de Taliesin à Lewis Mumford démontrent une volonté de distanciation entre le critique et l'architecture visant à conserver son indépendance d'esprit et sa liberté de paroles ce que lui rapprochera parfois d'ailleurs l'architecte.

La lecture des lettres nous révèle également une facette intéressante de l'architecte qui a toujours été l'initiateur de ces échanges avec Lewis Mumford même après leur dispute. La raison tient principalement au fait que les deux hommes avaient les mêmes attentes en matière d'innovations architecturales et que leurs échanges étaient profondément stimulants pour la pensée de l'un comme pour l'autre.

Un très belle découverte dans le cadre de Masse critique. Je remercie Babelio et les éditions Klincksieck.
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