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Critique de NathalieUC


Alors que l'on s'attend à lire un polar, Molina nous emmène ailleurs. Pour ceux qui connaissent cet auteur, rien d'étonnant. Les autres seront peut-être décontenancés, ennuyés car au bout de quarante pages, on n'a pas avancé d'un pouce, un pas en avant, deux pas en arrière. Il faut régulièrement attendre plusieurs dizaines de pages pour apprendre un élément nouveau, déjà connu de la police mais dont le lecteur n'est pas encore informé. Il y a bien un crime (horrible crime d'enfant), un inspecteur (sans nom) mais pas vraiment d'enquête. du côté de la police, on ne verra quasiment que cet inspecteur, halluciné par le manque de sommeil, hanté par tout ce qu'il a vécu à Bilbao avec les terroristes de l'ETA. Ses méthodes de travail étonneront les amateurs de polars. Il cherche le coupable dans la rue en regardant les yeux des gens qu'il croise, convaincu que ceux d'un assassin doivent refléter le crime qu'il a commis.
Ça ne commence à bouger vraiment qu'au bout d'une petite centaine de pages et pourtant je ne me suis jamais ennuyée, jamais lassée des répétitions, bien au contraire. Subjuguée par le style Molina une fois encore, par sa maîtrise impressionnante du temps (passé, présent et futur imbriqués), par son écriture précise, envoutante, adaptée à chaque personnage et par ses fines analyses psychologiques.
Ce roman n'a pas la même puissance que Dans la grande nuit des temps qui restera à jamais pour moi un chef-d'oeuvre inégalable. Il est plus court aussi. Mais Molina réussit l'exploit de rendre addictif un roman très lent et dans lequel il ne se passe pas grand-chose, nous attachant à ses personnages solitaires : l'inspecteur au passé trouble et à la prise de conscience bien tardive, l'institutrice abandonnée, le médecin légiste désenchanté et la petite Paula à l'enfance saccagée.
L'auteur nous offre une fin qui n'est pas mièvre et qui ne surprendra pas ceux qui n'auront pas oublié un passage du roman, glissé furtivement.
La traduction de Philippe Bataillon est impeccable comme d'habitude.
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