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Critique de enjie77


Je suis sortie de la fiction pour entrer de plain-pied dans la réalité et c'est assez perturbant ! Je suis une inconditionnelle d'Antonio Munoz Molina. Il est l'un de mes auteurs favoris mais j'ai dû abandonner, à mon grand regret, ce livre qui me bouleverse trop et me rappelle un drame qui s'est passé dans mon environnement. Je ne m'attendais pas à cela, Antonio Munoz Molina est stupéfiant dans l'écriture d' un roman noir, il excelle !


Lorsque vous habitez dans un village limitrophe de Guermantes, le village de la petite Estelle Mouzin, que vous avez dû rencontrer ses parents au détour d'une course chez le boulanger, celui là même où elle a été vue pour la dernière fois, que vous connaissez le chemin que la petite Estelle a emprunté le jour de sa disparition, celui qu'elle prenait de l'école à chez elle, dans un petit village tout ce qu'il y a de plus calme, que vous avez en mémoire les photographies placardées un peu partout, que vous avez assisté impuissante aux déambulations de la police, vous ne pouvez lire ce livre sans éprouver une vive émotion, une boule au ventre, des larmes aux yeux. Ce livre décrit avec un réalisme saisissant la découverte du corps d'une petite fille de neuf ans et l'enquête qui s'en suit. Alors, le spectre de la disparition d'Estelle refait surface avec violence. Ici, personne n'a oublié, la moindre information télévisuelle, la moindre évocation capte l'attention. Ce fut un véritable traumatisme.

Et sous la plume incomparable d'Antonio Munoz Molina, l'horreur de ce drame reprend toute son intensité. Avec ses phrases qui n'en finissent pas dont le regard ne peut se détacher, la fascination ajoute du réalisme au réalisme de son écriture, cette écriture hypnotique magnifique qui génère une expérience émotionnelle, qui prend le lecteur en otage, il étouffe, médusé sous la précision des états d'âme de tous les protagonistes, mélange de culpabilité, de scrupules, le film de la journée fatidique qui tourne en boucle dans la tête des proches.

Alors je n'ai pas pu continuer, je regrette tant j'apprécie le style de cet auteur. Je suis vraiment désolée mais si, à ma différence, l'Ogre des Ardennes, Fourniret, n'est pas venu roder près de chez vous pour enlever, dans les mêmes conditions que le livre, une enfant du même âge, c'est un livre très fort, très noir mais remarquable de précisions, avec des personnages tous aussi intéressants les uns que les autres. Fourniret, à ce jour, est toujours dans l'incapacité de dire où il a enterré la dépouille d'Estelle.

« Celui qui a fait une telle chose doit le porter sur son visage, dit le père Orduna. Il doit porter un signe, comme Caïn quand il avait tué son frère et cherchait à se cacher de Dieu. »
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