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Critique de Krout


Dix nouvelles se suivent comme autant de perles pour former un collier: la première terminée je ne suis pas sûr d'en avoir pris la pleine mesure, elle s'appelait pourtant Dimensions; la seconde nommée Fiction s'évanouit au fur et à mesure que je parcours Wenlock Edge, la troisième. Quelle étrange sensation ! Il y a quelque chose d'irréel qui vient, à chaque fois, troubler des petits faits bien concrets d'un très banal quotidien apparemment sans histoire. Je m'enfonce dans cette atmosphère ouatée, marcheur égaré dans un paysage très familier dont un épais tapis de neige masquerait les repères habituels et les flocons tombant soudain plus drus effaceraient rapidement la trace des pas, rendant impossible tout retour en arrière; ou alors rentrant, un soir de brouillard après une brève promenade, chez un ami de longue date et incapable dès lors de retrouver le fil d'un itinéraire déjà cent fois parcouru.


Je décide de suivre le fil des récits d'Alice Munro, spectateur attentif, voyageur discret refusant à en emporter des morceaux à titre de souvenirs. Elle m'emmène dans un labyrinthe de pièces communes, suivre des petites histoires de tous les jours semblant pouvoir se perpétuer sans fin et pourtant soudain bouleversées par une césure du destin. Des histoires de la vie, des histoires de petits bonheurs quotidiens interrompus par un fait marquant, inattendu et singulier. de tout cela, j'ai l'impression qu'il ne reste déjà plus rien. Plus rien de ce qui a été l'irréalité d'un instant, la neige a fondu, disparu le manteau blanc et le brouillard vaincu par le soleil de ce matin. Pourtant je l'ai entraperçue cette fine dentelle, émergeant de la nuit, où des perles de rosée scintillent de mille feux à la lumière rasante du jour qui vient. Qui peut dire ce qu'il en reste ? Et du bonheur passé ? Une brume dans les yeux, un éclat dans le regard, un sourire imperceptible et mystérieux, et pour combien de temps ?


Quant au bonheur
Qui peut-être est le tien
Qui va et qui vient
N'attends pas son absence
Pour noter sa présence
Sois sans peur
Patiente les heures
Un jour il revient


Les instants de bonheur sont aussi radieux et éphémères que des gouttes de rosée magnifiées par la lumière de la vie sur le fil fragile tendu de la naissance à la mort, ils apparaissent au détour du jour et s'envolent par un revers du destin. Voilà ce que m'a murmuré entre les lignes Alice Munro, voilà ce que je retiendrai de Trop de bonheur. Elle est quand même curieuse et capricieuse, la vie.


Et par chez vous, quelle nouvelle ?
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