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Critique de asphodele85


Quand j'ai acheté ce livre estampillé “école des loisirs”, mon libraire m'a simplement dit : “Un classique !” . Arrivée à la maison, j'ai regardé le © et quand j'ai vu 2000, j'ai pensé :”Un peu jeune pour un classique” ! Mais j'ai plongé dedans la tête la première et n'ai pas pu le lâcher avant la fin. Mon premier coup de coeur de l'année et c'est un livre Jeunesse ! (Médium de la catégorie). En plus, un livre qui offre une citation de Romain Gary en entrée, ne pouvait que me plaire : “L”humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive”.

Les trois enfants Morlevent (j'adore ce nom !) ne sont pas nés avec une bonne fée penchée sur leur berceau : le père est parti et l'on sait dès le départ qu'il ne reviendra plus, la mère vient de se suicider au “Canard Vécé”… Siméon, 14 ans et surdoué planche pour passer son bac, Morgane, 8 ans, pas jolie, les oreilles décollées et qui est “la moitié de son frère” et enfin Venise, 5 ans, la petite poupée blonde, jolie comme un coeur que tout le monde aime et souhaiterait pour fille (ce qui est dangereux pour la suite).

En effet, malgré l'abattement, Siméon prend les choses en main et va suivre de près leur dossier confié à une sympathique mais jeune assistante sociale et à une Juge des Tutelles, fondue de chocolat et bienveillante. Ils vont découvrir que deux autres “Morlevent” existent en ce monde, deux personnes que tout oppose mais qui sont leur seule chance d'échapper à la famille d'accueil et surtout à l'éclatement de leur fratrie : ils ont fait un “jurement” quand ils ont été placés en foyer d'accueil temporairement : “Les Morlevent ou la mort” ! Josiane Morlevent, ophtalmologiste bourgeoise bécébégé, 37 ans, mariée mais en mal d'enfant se révèle être la demi-soeur (pas par le sang mais qu'importe) des enfants avec Bart, 27 ans, homosexuel, irrésistible, irresponsable souvent mais très très gay pour prétendre obtenir cette tutelle. le combat commence…. pas seulement celui-ci. Siméon a une leucémie, et c'est à l'hôpital entre les mains du beau Docteur Nicolas Mauvoisin que son sort va se jouer. En sachant que Josiane et Bart se haïssent ! Que Bart, dépassé par l'arrivée de ces trois mômes dans sa vie, égoïste mais non moins attachant ne sait dire que : “Oh, Boy !”… quand la situation est critique.

L'histoire accumule les sujets difficiles à traiter tels que : le suicide, l'homosexualité, la vie des enfants en foyer, la solitude, la maladie, les femmes battues. Mais Marie-Aude Murail fait preuve d'un talent incroyable pour rendre crédible cette avalanche de “pas-d'-bol” sans verser un seul instant dans la sucrerie ! le ton est juste, l'écriture ciselée sans temps morts, saupoudrée d'un humour qui transcende le(s) drame(s).

Pas facile pourtant quand l'enfance se heurte à la dureté des problèmes normalement réservés aux adultes, comment garder un ton d'innocente insouciance ? En restant vrai. En n'en faisant ni trop, ni trop peu. On peut se sortir de tout mais pas indemnes et chacun des protagonistes de l'histoire va en retirer une leçon. Et pour nous lecteurs une belle leçon d'humanité, de justice, pas seulement sociale… Et surtout un moment de lecture suspendu dans le temps, rien ne peut nous faire lâcher ce livre jusqu'à l'épilogue !

J'ai aimé aussi le saut du Chapitre treize “(pour ne pas porter malheur à Siméon)”, les noms de famille ou les prénoms qui ont une juste connotation. Et le clin d'oeil à Nicolas et Bart de la célèbre chanson (j'en avais parlé ICI)… le français impeccable, pas une faute de relevée (c'est assez rare pour mériter d'être souligné). Extrait des pensées de Josiane, la soeur jalouse, coincée et prétentieuse qui veut toujours avoir le dernier mot : ” Incroyables, ces psychologues ! Ils inventent des problèmes où il n'y en a pas et, quand on leur signale un type qui porte une boucle d'oreille, qui marche en chaloupant, qui offre des poupées mâles aux petites filles et se promène nu devant elles, eh bien, ils ne voient pas où est le problème.”

Je n'ai qu'un mot pour conclure : Lisez-le ! 207 pages de pur bonheur !
Lien : http://leslecturesdasphodele..
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