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Critique de JustAWord


Scénariste et autrice, Elvire Murail (aussi connue sous le pseudonyme de Moka dans la littérature jeunesse) revient chez L'École des Loisirs avec un nouveau (court) roman sobrement intitulé Possession.
Avec la sublime couverture signée par Emmanuel Polanco et un pitch aussi intriguant, Possession ne peut qu'aiguiser l'appétit des amateurs de fantastique et d'horreur. Destiné à un public jeunesse/young adult, que vaut ce nouveau roman de Moka ?

Retour à la maison
Possession est un roman qui ne perd pas son temps. Dès les premières pages, le lecteur se retrouve au coeur de l'action.
Malo, un jeune garçon, rentre à sa maison. À l'intérieur, le deuil règne puisque Malo revient d'un séjour de deux mois en hôpital psychiatrique suite à la mort de sa grande soeur, Lutèce. Rapidement, on comprend que quelque chose ne va pas dans la famille Vendôme, et pas seulement du fait du chagrin omniprésent. Quelque chose dans la maison ne tourne pas rond et des pensées sombres s'immiscent dans l'esprit de Malo et des siens.
Moka place très rapidement ses pions, plante le décor avec efficacité puis recentre son action sur quelque chose de très intéressant : la gestion du deuil au sein d'une cellule familiale.
Tandis que la mère sombre dans une obsession maladive pour l'ordre et le ménage, le père se noie dans le travail et la soeur se renferme sur elle-même.
Cette approche vraiment intéressante des choses aurait pu être encore meilleure… mais nous y reviendrons !
Car dans un premier temps, outre la vie à la maison, c'est la rencontre avec les autres à l'école qui va occuper une place centrale dans le récit avec l'arrivée d'Alice qui rêve de devenir médecin un jour et journaliste le lendemain. Un personnage impertinent et attachant avec un gros potentiel qui offre un bon contrepoids à Malo et à sa souffrance à peine voilée.
Seulement voilà, alors que le fantastique se dévoile dans le roman et que les évènements étranges se multiplient, Moka fait un choix catastrophique pour le récit en troquant ses enfants-narrateurs pour des adolescents pesants.

Du Young Adult superficiel
Au lieu de creuser les sentiments de Malo et ce qui l'unit à Alice, Moka introduit deux nouveaux personnages avec Chacha, la soeur d'Alice et élève journaliste, et Gatien, sorte d'historien-amateur à la limite de l'ermite. Inintéressants, les deux personnages vont rapidement nouer une histoire d'amour grotesque et cliché qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui n'a absolument aucune crédibilité. le changement de scope qui passe sur une enquête menée par ces deux personnages fades va anéantir le potentiel entraperçu dans la première partie en ne laissant à Malo qu'une montée en puissance horrifique dans sa maison où la folie va crescendo. Tout ce qui reste pour le lecteur dans la seconde moitié de Possession, c'est la perception stupéfaite d'un Malo qui assiste à l'exacerbation des mécanismes de défense de chacun et l'horreur asphyxiante que cela crée. C'est l'enfermement dans une bulle (la maison) pour nier le réel et le drame.
À côté, l'enquête de Chacha et Gatien se fait en accélérée, avec des facilités assez ridicules et qui finissent par ne donner qu'une moitié de réponse sur les évènements de la maison Vendôme.
Possession avait beaucoup de possibilités et de choses à explorer pour l'exposer aux plus jeunes, mais n'est pas Patrick Ness/Siobhan Dowd qui veut. À l'arrivée, le roman déçoit et semble même bâcler sur sa fin précipitée et abrupte.

Malgré son message sur la difficulté du deuil et l'impact que la mort d'un enfant peut avoir sur une famille, Possession est un roman des plus décevants. Moka abandonne ses thématiques les plus prometteuses et ses personnages les plus attachants en cours de route pour un couplet amour-enquête classique où rien ne vient exploiter les promesses entraperçues dans les premières pages. Dommage.
Lien : https://justaword.fr/possess..
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