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Critique de BaronKitajima


Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre ne fait pas l'unanimité. Deux camps d'affrontent dans les critiques à propos de ce livre, dans une mésentente digne de la querelle des Anciens et des modernes, de la bataille d'Hernani ! Dans un coin du ring littéraire, ceux qui ne voient dans le récit de la vie dissolue de Ryû et de sa bande d'amis qu'une suite de beuveries, toxicomanie, sexe et violence sans intérêt sinon le scandale. de l'autre côté, il y le camp de la Raison, les lucides, les clairvoyants, qui se rallient à mon blanc panache !

Toute plaisanterie mise à part, je comprends parfaitement que ce livre ne plaise pas. C'est presque une fatalité quand on connaît la radicalité d'un auteur comme Murakami Ryû. Ce qu'il aime dépeindre, c'est ce qu'il nomme les poubelles de la société japonaise, ces personnages refusant annihilation sociale et cherchant vainement à se différencier, à exister en tant qu'individus. Leur tentatives ne trouvent à s'exprimer que dans l'auto destruction, la violence, l'absurde. Murakami développe une écriture photographique, compacte,baroque et dense, qui ne ménage pas le lecteur. Alternent impitoyablement des scènes de calme, d'introspection où l'on ressent de plein fouet le vide des personnages, et des scènes débridées, paroxysmes de violence psychologique et morale, pics de délires de toutes sortes. Mes passages préférés sont ces monologues des personnage, palimpsestes de fantasmes, de faits, de propos absurdes, ces flots sans aucun sens sont un opposé et en même temps un écho terrible au vide interne des personnages. C'est donc la genèse de cette esthétique que Murakami nous fait voir dans son premier roman, bleu presque transparent, un vrai roman punk sur le mode no future !

Ce roman tourne autour de la vie dissolue de ces jeunes. Au fur et à mesure que la spirale d'excès toujours grandissant s'amplifie, on distingue de plus en plus le vide que semblent tenter de combler ces personnages. Excès devient recherche d'un étourdissement dans les douleurs et plaisirs. c'est aussi l' abandon d'un avenir qui n'est jamais dessiné sinon pour entrevoir la mort prochaine ( Okinawa le toxicomane ) ou des plans sur la comète pathétiques ( Yoshiyama ). Ryû lui ressent un vide qu'il tente de faire taire mais qui se manifeste dans les moments d'ennui, qui le couvre comme une chape de plomb. Cette tension connaît son épilogue avec la prise de conscience de Ryû sur qui s'abat la transparence délirante et les ombres opaques de ce monde qui ne lui laisse aucune perceptive, aucun avenir, le condamnant à être cet atome humain vulnérable et négligeable sans contrôle sur le monde.
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