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Critique de chocobogirl


Banlieue de Tokyo. un groupe de jeunes adultes (la plupart ont moins de 30 ans) se sont regroupés par désoeuvrement. Ils se retrouvent régulièrement dans l'appartement de l'un d'eux. Ils sont de milieux différents, ont des métiers différents. Ils ne se parlent pas, ne font rien, n'ont pas d'amitié les uns pour les autres. le hasard les a réunis et ils s'en contentent. Leurs réunions deviennent des occasions de manger ensemble, de mater parfois la voisine qui se déshabille devant sa fenêtre et enfin d'organiser des karaokés privés et déguisés en bord de mer. Certains ont des crises de rire compulsif sans rapport avec leur état psychologique (cachinnation), qu'ils se transmettent nerveusement entre eux. Un groupe de 6 jeunes hommes donc un peu barrés, un peu paumés, un peu asociaux.
Jusqu'au jour où l'un d'eux commet un acte irréparable et démentiel : il tue une femme sur un coup de folie.
Cette dernière faisait elle-même partie d'un groupe de 6 femmes, presque quadragénaires, toutes prénommées Midori et ayant en commun de ne jamais avoir connu l'orgasme. Divorcées, futiles, ne recherchant que plaisir, amants occasionnels, vont désormais chercher à se venger. Un jeu de ping pong sanglant entre ces hommes et ces femmes va dès lors commencer...

Voilà un roman violent et dérangeant qui va nous plonger dans le vide absolu des japonais d'aujourd'hui.
En effet, ces hommes et ces femmes se sont regroupés par commodité. Aucune affection ne les lie véritablement. Lorsque l'un d'eux parle, personne ne l'écoute. Ce sont juste des êtres égoïstes qui se retrouvent ensemble.
Lorsque la violence surgit dans leur vie, on découvre alors qu'il va leur servir de catalyseur. Ces personnes qui n'avaient aucun but dans leur vie, que rien ne faisait véritablement vibrer vont découvrir le pouvoir de la vengeance et de la mort. Réveillant leurs plus bas instincts, ils vont commencer à vivre, à éprouver des sentiments, à ne plus rester amorphe dans leur petit cercle. La spirale de vengeance dans laquelle les 2 groupes vont s'adonner et plonger avec délectation devient désormais le moteur de leur existence. Peu importe la morale, peu importe la loi : seule compte la vengeance et ce sentiment puissant de vivre.
Les groupes qui semblent se former plus fortement ne restent finalement qu'un amas d'ego où seul son propre intérêt compte. Totalement détestables, les personnages sont désincarnés et proches d'une folie qui les égarent.

Le roman se découpe en chapitres portant chacun le titre d'une chanson, se référant ainsi au karaoké des jeunes hommes. La narration alterne entre le groupe masculin et celui des Midori. Une alternance qui correspond aussi à celles des actes qui se répondent d'un groupe à l'autre.
De prime abord, le récit peut déstabiliser. L'auteur prend son temps pour installer ses personnages masculins. On se demande qui sont ces individualités un peu tordues, desquelles on ne comprend pas le mode d'existence. On tâtonne, on s'interroge sur le but de l'auteur; Mais à partir du premier meurtre, tout se met en branle et le lecteur ne peut assister qu'impuissant à la montée en puissance d'une violence commencée au couteau qui se terminera au bazooka. L'écriture est crue, violente et ne nous épargne pas de quelques termes explicites.

Murakami nous livre ici une fable amère sur la société japonaise. Ses personnages sont totalement vides et désenchantés. Seules la violence et la mort leur donnent la sensation d'être vivant. Un monde où seul la violence nous permet d'avancer : voilà qui est effrayant ! Mais en sommes-nous si loin ?
Ce roman date de 1994 mais semble toujours autant d'actualité. Je vous le conseille fortement pour cette rentrée japonaise !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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