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Critique de jovidalens


Sur une base militaire au Japon, un GI apprend à une petite fille à danser, et surtout, il lui transmet ce qui lui tient le plus à coeur à lui, ce qui est son essence même. Treize ans plus tard, devenue adulte, et consciente de cette richesse offerte par ce José, elle part pour le retrouver. Et ce périple, de New York à Miami est un voyage lumineux, porté par la musique latino cubaine.
Court roman, bien structuré, composé d'une succession de monologues : celui de chacune des personnes rencontrées par Kyoko, contre-balancés par ceux de Kyoko. Ralph, Pablo Cortés, Sergio et tous les autres ne sont pas des « battants », pas tout à fait les « losers » mais pas loin ; et tous sont éblouis, transportés, enchantés par cette jeune femme. Tous sont séduits et cette séduction ne s'explique pas uniquement par sa beauté mais réellement par LA Grâce, cette étincelle qui semble briller plus fort chez certains.
Et si ce roman était une réflexion sur le charisme ? Comment expliquer ce phénomène ? Pourquoi certains êtres emportent-ils l'adhésion de plusieurs autres ?
Sans l'expliquer, le processus est juste décrit ; aux monologues de ceux qui la rencontrent, la côtoient quelques instants de leur vie, font comme une sorte d'écho en négatif, les « intermèdes » où Kyoko parle de sa fatigue, de son désarroi dans ce voyage, intermèdes d'une petite musique, temps de distanciation par rapport à l'enthousiasme du ressenti des autres.
Mais qu'est ce qui donne cet envol, cette capacité de s'arracher à la glèbe de la Terre que possède Kyoko ? Ce que lui a appris José. Quelques pas de danse, certes ! Mais aussi et surtout que le corps devient transmetteur d'allégresse par le geste, le rythme, la légèreté. José lui a transmis son trésor, son moteur de survie et/ou son âme ?
C'est donc aussi un roman sur la transmission : connaissance, savoirs qui ne s'enrichissent que s'ils sont partagés, magnifiés. Parce que José lui a appris à danser, ce plaisir la transcende, et d'autant plus qu'elle en reconnaît la valeur et la chérit comme telle. C'est ce bien si précieux, bien impalpable, qui lui permet d'aller vers son objectif avec une force, une grâce, une joie qui entraînent tous ceux qui croisent sa route, et qui vont l'aider, lui ouvrir, lui faciliter le chemin.
C'est une ode à la richesse des rencontres. Sans la rencontre avec l'autre, celui qui vit différemment, comment avancerions-nous ? Comment ferions-nous tomber les barrières : les sociales, les réelles, les secrètes , celles qu'on a dans la tête? Déjà dans « Love and Pop », ce sont ses rencontres dangereuses qui ouvraient les yeux de la jeune fille.
Fable sur l'espoir et la renaissance, où les rencontres sont indispensables à la vie. Et surtout, merveilleux voyage vers et pour un malade du sida, accompagné de tant d'amour et d'amitié. Voyage vers un futur plein d'inconnu, si souvent évoqué dans ce livre et dont quelques chamans ont le secret. Et quand un chaman inuit lui dira que « le futur est déjà là, entre (ses) mains » elle sourira, en route vers celui-ci.
Ce voyage, initié par José, c'est elle qui le continuera vers Cuba, berceau de cette musique qui la porte, de cette danse qui vit dans son corps. Et le voyage continuera avec sérénité, ouverte vers le futur puisqu'elle aura appris, en croisant tous ces gens, qu'il n'y a pas de barbelés pour la tenir éloignée d'elle-même. le futur c'est aussi un voyage.
Merci à lansougourmer dont la critique m'a donné l'envie de « rencontrer » Kyoko.
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