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Critique de moussk12


Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions le mot et le reste, pour cet envoi. ça fait toujours plaisir!

Alors, venez marcher aux côtés de Jean-Luc Muscat. Mais attention, munissez-vous de bonnes chaussures et d'un bâton de pèlerin. Je ne vous dirais pas de prendre votre bonne humeur, car avec tout ce que vous allez découvrir, c'est la joie qui vous envahira (bon ok; la fatigue aussi). L'auteur, ancien garde-forestier, est une personne qui va au bout de ses convictions dans le vivre au plus près de la nature et la marche, il connaît !
Ici, il relate ses impressions d'une semaine de marche, autour de sa maison, dans la région du Lot (près de l'Aveyron). Lors de ses pérégrinations, il est en symbiose complète avec les éléments naturels qui l'entourent et ses descriptions de la faune et la flore sont merveilleuses. Certains passages réellement oniriques, comme sa rencontre avec un magnifique cerf, lors d'une autre promenade.

Dommage, pour moi, le petit côté moralisateur de l'auteur envers la vie citadine et ce qu'elle engendre. Tout le monde n'a pas la chance de vivre dans une maison de campagne et une région si bucolique pour s'évader quand on le souhaite. de même, il s'enorgueillit de se nourrir de racines et de fraises des bois lors de ses escapades. Là aussi, je dirais que tout le monde ne vit pas seul, sans avoir pendant les vacances de charmants bambins criant à qui mieux-mieux "J'ai faim!".

Bon, je ferme la parenthèse. Parce qu'il faut le dire quand même, c'est très bien écrit !

Non, j'en ouvre une autre. Décidément, ce petit livre (85 pages) me fait réagir. Notamment quelques contradictions...

L'auteur est un fervent défenseur de la nature et de son aspect "sauvage". Mais lorsqu'un magnifique cèpe se dresse devant lui, s'en suit une description élogieuse de ce champignon, suivi d'un "Je n'avais pas de quoi le cuisiner. Dommage..."
Bon d'accord. Ce n'est qu'un champignon. Je ne m'y connais pas, mais c'est peut-être un champignon qu'on ne trouve pas à tous les coins de rue.

Quand J-L Muscat dit "La marche en solitaire est la discipline idéale pour s'adonner à la lenteur, celle-ci ne s'arrangeant point ou peu de la compagnie." Je comprends. "Rien ne vous oblige, rien ne vous contraint." Je comprends aussi. Marche. Solitude. Liberté.
De même, lorsqu'il parle d'un séjour au Canada, perché à cinq mètres de haut pour s'isoler des ours, il s'est "senti alors le plus libre et le plus heureux des hommes."
Ou encore "heureux de ma solitude, maître du monde."

Et puis un jour, un orage le force à entrer au gîte "Le moment était venu de composer avec les autres."
"Il faut se forcer un peu pour raconter d'où on vient et où on va. Et puis, peu à peu, la fraternité entre marcheurs opère, on se livre d'autant plus que tout s'oubliera le lendemain."
Le besoin de relations se fait sentir au bout de deux-trois jours.
Et c'est ici que ça se corse.

"Des marcheurs sont arrivés, une mère et son fils d'une douzaine d'années, des gens du Nord de l'Europe, complètement hermétiques, aucune conversation ne fut possible, je demeurai dans la préhistoire."

Alors qu'auparavant : "J'avais décidé de marcher seul, loin des autres dont les préoccupations et les conversations m'exaspéraient."
Il faut savoir ce que l'on veut !
Et puis, ces gens du Nord étaient peut-être trop fatigués pour avoir envie de parler. Ou leur souhait était peut-être de savourer le plaisir d'être entre eux, sans se sentir obligés de faire la conversation. Ou ils avaient fait tout ce voyage pour faire le vide et vivre sans contrainte.
Où la liberté des uns s'arrête ? Où commence celle des autres ?

L'homme avide de liberté, qu'il pense trouver dans la marche et la solitude, ressent malgré tout, le besoin de se rapprocher des autres, de sociabilité.
L'homme n'est pas fait pour vivre sur une île déserte, seul. A moins d'avoir des bons livres à proximité ;)
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