AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Moosbrugger


Ce paragraphe sortie aujourd'hui de sa naphtaline fait suite à mon avis déposé sur la page du premier tome (édition Points - Traduction de Philippe Jaccottet).

Ce deuxième tome présente une intrigue (mais celle-ci est assez secondaire dans ce roman) bien différente de celle que nous suivions jusque là. Ulrich y cherchera les conditions d'un « amour » avec sa soeur dans une relation qui frôlera l'inceste à plusieurs reprises, à la recherche d'un rapprochement mystique qui peut être plus ou moins comparé au mythe Platonicien de l'Hermaphrodite. le suivi de l'action parallèle y est quasiment abandonné.

Tout ce qui faisait le charme et la profondeur du premier tome persiste. Seulement, les conclusions émanant des réflexions de l'écrivain se feront encore moins catégoriques, plus vagues, si cela était possible, à mesure que les deux personnages se rapprocheront de l'idéal visé. D'ailleurs, le cours du récit véritablement publié ou mis sur épreuve du vivant de Musil s'interrompt bien avant que l'unité mystique tant recherchée ne soit véritablement atteinte.

Les passages non finalisés rassemblés à la fin de ce tome (environ 600 pages sur les 1280 de ce volumineux pavé) sont dignes d'intérêt et pour une grande partie lisibles, quoique des passages soit assez répétitifs et certains autres carrément abscons. Mais dans l'ensemble leurs styles ne dépareillent pas du reste du roman. Il faut préciser que ceux-ci ne constituent pas véritablement une fin du récit, mais un ensemble de variantes, de travaux préparatoires et d'ébauches. Il y a quelque chose de touchant à subir la décomposition de ce livre interminable au fil de sa lecture, celui-ci se débitant véritablement en morceaux dans les dernières pages.

Certains des personnages les plus attachants du premier tome demeurent : le général Stumm toujours plein de bonhommie et de candeur, et surtout Clarisse, qui se voit confirmer comme un personnage extrêmement impressionnant et très intriguant, surtout dans les passages des ébauches la concernant, lancée dans des numéros de funambule, dressée sur le fil de la folie.

de nouveaux personnages font leur introduction. Agathe, la soeur d'Ulrich bien sur, qui donnera du fil à retordre à sa pensée lors de leur rapprochement mystique, ou Lindner, personnage d'un grand rigorisme moral.

Comme dans le premier tome, des séquences d'anthologies se succèdent : la visite à l'hôpital psychiatrique de Clarisse à la recherche de Moosbrugger. L'utopie du deuxième pas, dans laquelle on apprendra comment rater sa vie en beauté.

Lecture difficile, qui tire en longueur, c'est sûr, mais avec de vraies pépites.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}