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Critique de peloignon


Après avoir été franchement épaté par la génialité du tome 1, j'étais vraiment enthousiaste en ouvrant ce livre. Je savais qu'il ne contenait que des ébauches pour la suite. J'avais un peu peur d'être déçu, mais j'étais trop curieux. Il me fallait aller lire ça tout de suite!
J'ai donc été très agréablement surpris de découvrir que les 450 premières pages contiennent les premiers chapitres publiés de la troisième partie qui était alors en cours d'écriture lors du décès de Müsil. Les cent pages suivantes ont également été données à la publication, mais avaient été reprises pour être retravaillées éventuellement. le niveau d'écriture y est d'ailleurs tout aussi brillant que l'est celui du tome 1 et nous pouvons ainsi suivre le cours du roman pour 550 pages.
Ulrich s'est alors complètement lassé de se divertir de son ennui en servant de secrétaire à l'action parallèle. Il se concentre alors complètement à vivre une relation incestueuse avec Agathe. Il ne voit presque plus personnes, hormis le brave et rondelet général Stumm, qui passe de temps à autre, en donnant des nouvelles et en cherchant conseil pour tenter de sortir Ulrich de son isolement afin de le rendre utile à nouveau à l'action parallèle.
En ce qui concerne la scandaleuse relation entre le frère et la soeur, elle permet un reflet féminin de l'homme sans qualité. Agathe trouvera aussi, à son tour un pendant masculin à la Bona Dea du premier tome en un professeur veuf dont le caractère morale ressemble à celui de Kant, mais en plus fragile. Cette ébauche aboutit sur la lecture que fait Agathe de textes brouillons écrits par Ulrich sur le sentiment.
S'ensuivent quelques 200 pages données à la publication par Müsil, puis reprises pour être retravaillées. L'écriture n'est désormais plus à la hauteur du roman à partir d'ici. La synthèse entre les réflexions à la trame narratrice n'a pas encore été arrangée. Müsil se contente de faire lire des brouillons d'Ulrich à Agathe où de nous faire entrer dans la réflexion intérieure d'un Ulrich se préparant à écrire un article sur le sujet. L'essentiel de ces pages présente une conception du sentiment qu'Ulrich développe, conception qui, pour l'essentiel, exprime en termes plus actuels ce qu'on trouve déjà dans les traités de Hume et de Descartes sur les passions et le sentiment. le tout est intéressant, mais manque de fini.
S'ensuit une véritable exploration au pays de l'écriture de Müsil. Les conversations y sont souvent données laconiquement avec les noms précédents chaque échange, comme pour une pièce de théâtre, et quelques descriptions d'un vêtement, d'un rire, d'un meuble liés à cette conversation se trouvent parfois ensuite données, séparément, diverses ébauches d'un même passage et plusieurs indications d'auteur sont données entre parenthèses, etc.
Mais on trouve aussi certains passages achevés qui n'ont simplement pas eus le temps d'être greffé à l'ensemble et qu'on pourrait s'imaginer qu'ils s'y trouvent réellement, rétrospectivement, comme, par exemple, celui où Clarisse raconte sa seconde visite à l'asile à Stumm, l'évasion de Moosbrugger, le moment où Clarisse convainc Rachel de prendre Moosbrugger sous son aile après son évasion, pour le cacher, etc. L'ensemble donne une très bonne idée de ce qu'aurait pu donner le roman achevé.
Enfin, les 100 dernières pages contiennent les possibilités préparatoires que Müsil a explorées avant de se lancer dans l'entreprise titanesque de L'homme sans qualités. Les râles mal articulés retrouvés dans les cahiers d'un cadavre s'achèvent ainsi avec les balbutiements incertains des tous premiers commencements.
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