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Critique de thereader83


Un des chefs d'oeuvres, si ce n'est le chef d'oeuvre De Musset. Si Musset avait un don évident pour les vers, il excelle dans l'art du roman où son talent et sa facilité pour la poésie se ressentent à chaque phrase. Quand il présente en première partie de son roman "la maladie du siècle, le mal de toute sa génération, ce n'est pas l'exercice facile et évident qu'on a bien voulu lui prêter; il fait preuve d'une grande clairvoyance dans l'analyse d'une époque et d'un recul assez remarquable sur sa vie et celle de ses contemporains. Que dire de la maîtrise de son verbe, la puissance de son style et la richesse de ses références dans ces quelques chapitres.
Musset raconte ensuite sa "désillusion", sa "désespérance" qui l'ont fait sombrer dans la débauche. Ici encore il analyse son sentiment de dégoût avec simplicité mais beaucoup de subtilité. Si le thème a souvent été repris par la suite, accordons à Musset le mérite d'avoir, le premier (du moins un des premiers après Goethe, Chateaubriand...), su mettre des mots justes sur ces sentiments de désillusion et d'écoeurement. Musset sait dire les choses, et bien les dire, et se trouve un contradicteur dans la personne de Desgenais, ce qui enrichit considérablement ses réflexions. Il a su mettre des mots sur des sentiments et des idées qui ont inspiré de nombreux auteurs (Beigbeder ne s'y est pas trompé en appelant son héros Octave) et qui sont malheureusement devenus un poncif du genre, affadissant parfois ses propos.
Vient ensuite sa relation complexe et tourmentée avec Brigitte. Octave est attiré par Brigitte, elle se refuse à lui, il la séduit puis finit par ne plus la désirer quand elle se donne à lui avant de le rendre jaloux... Ok, on est dans le roman psychologique estampillé "Romantique". Mais ce jeu amoureux n'est pas aussi ennuyeux qu'on a bien voulu l'admettre. Encore une fois Musset sait mettre les mots exactes sur l'analyse des sentiments et nous offre des paragraphes d'une beauté et d'une fluidité indiscutables. Si on aime le style De Musset, un style qu'il est allé puisé dans sa poésie, on ne peut pas s'ennuyer à la lecture de ces chapitres. Musset ne nous offre pas qu'une vision amère ou passionnée du sentiment amoureux, il nous offre aussi une très belle analyse de l'acceptation ; acceptation de l'amour en tant que sentiment imparfait et acceptation de la vie par un jeune homme qui est en train de devenir adulte. En ce sens, les dernières lignes du roman nous offrent une réflexion plus subtile et moins poussive que la tirade d'"On ne badine pas...", certes très belle mais trop souvent citée et dévoilée.
Enfin, La Confession n'est pas qu'un simple exercice de justification ou de règlement de compte envers George Sand; même si le contexte et les références amoureuses sont évidentes, ce roman n'est pas aussi agressif qu'on a bien voulu le dire, on perçoit la tendresse De Musset envers sa maîtresse en particulier dans les dernières pages. Ce roman va plus loin qu'un simple exercice de justification, Musset n'y parle pas que de lui mais cherche aussi à comprendre, expliquer et d'une certaine manière excuser tous ceux qui, comme lui, ont été gagnés par le mal du siècle, sorte de mal universel (la mélancolie, la jeunesse ou les deux...) qui touche toutes les générations depuis deux siècles.
Ce roman est à découvrir, à lire et à relire. A découvrir au lycée parce qu'il est d'une grande richesse littéraire, à lire quand on est encore jeune parce qu'il aide à mettre des mots sur ses sentiments de dégoût, de désillusion, de déception amoureuse et parce qu'accepter l'imperfection de monde pour devenir adulte peut faire peur et à relire à tout âge parce que c'est un très beau roman à l'écriture parfaitement maîtrisée qui ne peut laisser insensible aucun amateur de belles lettres.
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