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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une vague hurlante qui s'échoue sur une grève brisée.
C'est le chant des sans voix, des rebuts du quart monde, des naufragés qui n'ont pas eu l'heur de périr sous les flots, mais qui ont échoué sur nos rivages indifférents.
C'est un passé maudit; c'est l'homme blanc qui flagelle la peau noire; c'est le sexe visqueux de générations de métis nés de femmes éventrées.
C'est de l'amour aussi, de l'amour dépouillé, dénudé de ses oripeaux, aussi nu et fragile que l'enfant qui vient au monde.
C'est un chant, un mantra, une litanie barbare.
Une lettre, une longue lettre jetée à la mer.
Les mots d'une mère à sa fille enlevée par les services sociaux.
La voix de ceux de la colline au crack dont les veines en fusion crachent leur ultime désespoir, dont les mains tendues aux carrefours s'emplissent de crachats aveugles.
Le cri des naufragés d'un continent rogné jusqu'à l'os, éviscéré, lacéré de nos ongles blancs et propres.
Écrit dans une langue scandée, rythmée par une respiration syncopée, ce livre est musique, requiem implacable et sauvage.
Il prend aux tripes, il force l'âme, il fait naître des ruisseaux de larmes nourries de honte. Il cogne sans pitié, nous dénude, vise au plus près du coeur pour y planter la lame.
Du post-scriptum ne reste qu'une mélopée murmurée ; quelques notes fragiles qui disent "ma douce", qui disent "je t'aime ".
Et l'on se surprend à fermer le livre comme on replie un testament, usant de mille précautions pour préserver le souffle de vie, soudain silencieux et emplis de respect pour celle qui a été, pour ce cadeau déposé à nos pieds, morceau d'amour brut forgé au ventre des mères, de toutes les mères.

Merci à Babelio et aux éditions le bruit du monde pour ce moment bouleversant.
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Ma Douce,
Quand tu auras 18 ans, tu pourras lire cette lettre
Écrite par ta mère
Tombée dans la toxicomanie
Sur la colline du crack, elle t'a laissée
Pour te sauver
Pour se sauver
Pour vous sauver

Ma Douce,
Tu es le premier roman
D'une jeune autrice de talent
Qui chante les fragilités
Les déchirements
Le déterminisme social
Les femmes
Les femmes racisées
L'enracinement
Le déracinement

Ma Douce,
De minuit à minuit
Ce cercle infernal
En vers libres
Il raconte la mère avant tout

Ma Douce,
Tu ne te lis pas
Tu t'écoutes
Transporté par la musicalité de tes mots
La lumière qui brise derrière les ténèbres

« Écrire c'est comme bruler l'horizon », nous dit
@saramychkine

De Minuit à minuit vous transportera par sa beauté, et la force de sa jeune autrice.
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« Je t'écris cette lettre parce que ma mère ne m'en a pas laissé. »
On lui enlève sa fille, elle ne peut pas la garder mais elle a la possibilité de lui écrire une lettre, une seule. Alors, en seize mouvements et un post-scriptum, elle explique, elle crie son amour. Comme d'autres hurlent leur désespoir, elle, elle partage son histoire avec son enfant. Pour lui dire qu'elle l'aime, pour lui donner des racines (tu sauras qui est ta mère), pour qu'elle lise ce témoignage bouleversant qui ne correspondra peut-être pas à ce qu'on lui communiquera.
Quel est le « seul possible pour échapper au néant » ? se demande cette femme qui écrit : « avant d'être une addict au crack, je suis une femme, une mère, ma douce. » Elle reconnaît que c'est plus la honte, que la drogue qui l'a condamnée. Elle est bien consciente que la vie qu'elle pourrait offrir à sa fille n'est pas celle qui l'aiderait à s'épanouir, à grandir. Mais elle tient à lui dire son affection, à transmettre ses ressentis. Pas question de fuir la vérité. Oui, c'est dur et compliqué, oui, elle est accro mais qui peut se permettre de la critiquer, de la juger ?
Elle explique combien elle a souffert de se retrouver à la rue, rejetée, pas aidée, pas accompagnée, alors quand une échappatoire s'est profilée…. Bien sûr, la drogue, ce n'est pas la bonne solution mais quand on commence, sait-on où cela nous entraînera ?
C'est un texte magnifique, une longue incantation, un poème où chaque mot est fort. le texte est écrit sous forme de vers
en allant
à la ligne
pour lui donner
plus de puissance.
Cette présentation donne de la force à l'écrit, montrant combien chaque mot s'échappe pour dire ce qui est si douloureux à vivre, à accepter. Pour celle qui ne peut garder sa fille, on sent que ce qu'elle veut partager se bouscule, que tout vient très vite, comme si elle était dans l'urgence de rédiger son courrier.
Alors elle écrit et ce récit épistolaire nous bouleverse par sa beauté, sa musicalité, ses intonations Il s'en dégage de l'émotion. Une émotion à fleur de peau, à fleur de mots.
En écrivant cette missive, cette mère aimante laisse une trace, elle permet à son enfant d'avancer dans la vie en connaissant son passé, en sachant qu'elle a été aimée. Elle lui offre son histoire pour qu'elle construise la sienne…
Un roman magnifique !
NB: la couverture est sublime !

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Une femme, tombée dans la toxicomanie, écrit à sa fille. Elle n'a que peu de temps pour coucher sur papier ce déchirement. En effet, sa fille lui est retirée. Une Colline les sépare.
« Si tu savais à quel point j'ai été égoïste en te mettant au monde. À quel point je t'ai attendue, comme si la vie, jusqu'ici, n'avait été qu'un grand désert. À quel point j'ai prié pour que tu m'aimes comme, jamais, je n'ai été aimée. À quel point, même alors que tu cognais sous les plis de ma chair, j'ai laissé le crack remplir toutes les brèches du souffle. »

Immense coup de coeur pour ce roman en vers libres d'une puissance assez remarquable. La découpe du texte en ‘mouvement' fait monter la tension tout du long et prend aux tripes. le contenu est sombre et dénonce un quotidien de misère et de violence. La Colline, comment peut-on fermer les yeux sur cet endroit ?
« Tu sais, les gens comme nous, les addicts, les rebuts d'être, faudrait pas croire qu'on est faibles, déments, nés tordus et enclins à la laideur. Notre seul tort, c'est de continuer à vouloir vivre
encore et
encore et
encore. »

J'ai eu mal au ventre par ce cri poussé par Sara Mychkine. Cette relation mère/fille, qui n'en est pas une à mes yeux, mais qui finalement est remplie d'amour car oui il est bien question de ça.
« Si tu savais,
je t'aimerai jusqu'à ce qu'ils me tuent,
parce qu'ils finiront par nous tuer,
à menton-poignard
d'indifférence.
Mais je t'aimerai
jusqu'au bout et au-delà encore.
Je t'aimerai pour tous leurs silences, ma douce. »

Chaque mot
frappe
fort
Sublime

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/09/18/40038425.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Livre découvert grâce aux "68 premières fois"

Belle déclaration d'amour d'une mère à sa fille.
Sauf que cette mère pourrait être considérée comme une « mère indigne » : alcoolique, droguée, vie marginale, tellement que la garde de sa fille lui a été enlevée.
Et pourtant, quelle belle lettre, quel amour si bellement exprimé par une mère lucide sur elle-même.
La mise en page rend bien compte de l'état de cette maman, de sa dispersion, de son mal-être.
Merci à Sara Mychkine pour ce livre chaleureux, plein d'émotion, vraie réussite en partant d'une telle situation.
Je n'ai pu terminer ce livre sans me poser la question de savoir comment la fille de cette maman recevra et vivra ce témoignage.
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Dans ce texte coup de poing, l'autrice via sa narratrice nous raconte une maman noire, accro au crack, avec depuis toujours une vie merdique et de souffrance, qui par amour confie sa fille âgée de quelques mois aux services sociaux. Elle lui écrit une lettre à lire plus tard si elle savoir qui était sa mère biologique.
C'est un texte fort, rude, sans fioriture et qui décrie la réalité telle qu'elle est, sans rien cacher. J'ai trouvé les mots percutants, je n'ai cependant pas été plus que ça toujours par la forme alternant prose et vers libres. Cependant les mots claquent, les mots hurlent et chantent un désespoir et une réalité qu'on n'a pas forcément envie de voir et si proche de nous. A un moment, c'était trop pour moi. La nausée, envie de vomir. La lettre poème est divisée en plusieurs mouvements, comme des respirations entre des textes qui m'ont fait penser à des paroles de rap, j'avais la sonorité des mots et une musique en tête, plutôt rap américain, n'était pas du tout perméable au rap français. Mais l'idée est là et c'est un style de musique cohérent avec la rage et la colline de crack à Paris.
Je n'ai pas aimé parce que ça m'a renvoyé à ma petite vie douillette. Je n'ai pas aimé parce que je n'aime pas les généralités mais je sais que cette vie est la vie de nombreuses fille se femmes en France, malheureusement. Alors ce texte ne fait pas voyager, ne divertit pas, il ébranle et fait réfléchir. Il percute le coeur, et pas en douceur. Un texte fort.
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