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Critique de thedoc


Me Susane, 42 ans, a ouvert son cabinet d'avocat il y a tout juste un an à Bordeaux. S'occupant de petites affaires, elle est très surprise lorsque Gilles Principaux, dont la femme est accusée d'infanticide, vient la trouver afin qu'elle assure la défense de cette dernière. Surprise et extrêmement troublée : Gilles Principaux n'est-il pas ce jeune homme qui lui a laissé un souvenir incroyable un après-midi de son enfance -Me Susane avait 10 ans, lui 14 ou 15 ans – lors d'une visite au domicile des parents du jeune homme ? Me Susane veut absolument savoir si Gilles Principaux est le jeune homme de son enfance. Dans le même temps, Me Susane travaille à obtenir un titre de séjour pour Sharon et sa famille, une Mauricienne sans papiers qu'elle emploie comme femme de ménage.

J'ai tenté une excursion chez Marie Ndiyae que je n'avais jamais lue, intéressée par la 4e de couverture de son roman « La vengeance m'appartient », m'attendant à un thriller psychologique. Il me sera difficile d'émettre un jugement sur cette lecture pour le moins étrange mais surtout très exigeante. Car il faut pouvoir entrer dans l'univers de Me Susane... Me Susane, dont le lecteur à une description physique mais dont on ne connaîtra jamais le prénom, est un personnage qui représente des idées plus qu'elle ne s'affirme elle-même en tant qu'individu, déambulant dans un Bordeaux froid et nébuleux, très déplaisant et manquant cruellement de lumière. C'est ce qu'il manque également à ce personnage principal, la lumière. Me Susane nous apparaît comme doutant d'elle-même, à la recherche d'affectation de la part de ses parents – qu'elle adore et réciproquement – et de sa femme de ménage, Sharon. Etrange relation qui se tisse d'ailleurs entre les deux femmes. Un rapport de dominé à dominant mais finalement pas dans le sens que l'on pourrait croire. Dominé/dominant, encore une fois, dans le thème majeur de ce livre qui tourne autour de l'ascension sociale, de la reconnaissance, professionnelle, du milieu prolétaire et du milieu bourgeois de Bordeaux. Dominé/dominant toujours dans le passé de cette ville aussi, où l'auteur aime à rappeler son passé négrier qui encombre bien certaines bonnes familles aujourd'hui…
Enfin, que dire de l'affaire Gilles Principaux, qui finit par supplanter l'affaire criminelle concernant sa femme ? Lorsque Me Susane les auditionne l'un après l'autre – deux monologues incroyables et épuisants ! - , on a l'impression de découvrir deux familles différentes, deux vérités. Et là encore, au sein de ce couple, une différence sociale…
Voilà, tout comme Bordeaux est resté plongé dans le brouillard du début à la fin de ce roman, je suis restée moi aussi dans le brouillard. Quelle était cette histoire, cette intrigue qu'on pressent mais dont on ne voit pas le bout ? Nos perceptions, comme celles de Me Susane, nous jouent-elles des tours au détriment de la réalité ? Ce qui est sûr, c'est que tous les personnages demeurent antipathiques. Enfin, le discours de Marie Ndiaye, complexe et opaque à un point que plus d'un lecteur a dû rendre les armes, nous laisse un sentiment ambigu et un soulagement certain quand on arrive à la fin… sans explication à une question qu'on ne pourrait même pas formuler.
J'ai plus l'impression d'être face à un exercice de style qu'à une réelle histoire.
Avis aux amateurs.
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