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Critique de StCyr


StCyr
08 février 2021
Voici un singulier roman, dont la matrice est un poème autobiographique, augmenté d'un docte développement commis par un voisin du créateur de l'opus, comprenant une introduction, des commentaires et un index.

C'est un peu la fable du geai qui veut se parer des plumes du paon. Charles Kimbote est un universitaire inverti, misogyne et solitaire, voisin de l'auteur de l'oeuvre dont il est question, intitulée Feu pâle, John Shade. Ami autoproclamé de l'artiste, qu'il espionne impudemment, le professeur, sous couvert de travaux érudits, pérore, tire franchement et sans vergogne la couverture à lui. La masse écrasante de l'appareil critique tend à éclipser l'oeuvre d'art qu'il a pourtant vocation de servir : l'exégète pontifiant, au lieu d'agrémenter le texte de commentaires éclairants, parasite ce dernier de considérations personnelles, de jugements acerbes sur ses contemporains, d'approfondissements ayant trait à sa patrie natale de Zembla, et à la destinée du dernier de ses souverains, sans rapport évident avec le volumineux poème, si ce n'est que l'indélicat voisin n'a eu de cesse d'en importuner l'auteur pour qu'il en soit question dans ce dernier. Bref, le dénommé Charles Kimbote fait l'étalage de tout un pédantisme risible et à prime abord abscond.

Feu pâle est un exercice de style, un tour de force furieusement jubilatoire. C'est une drolatique satire de l'érudition brassant de l'air dans sa stérilité foncière, se drapant d'une certaine dignité, singeant la véritable noblesse qui n'appartient qu'au créateur, qu'à l'artiste.
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