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Critique de Laureneb


Même réaction que lorsque j'ai récemment terminé Guerre de Céline… « Bon, je l'ai lu, c'était pesant mais bien écrit ».
Ce fut long, très long. Car une fois passée la première centaine de pages, la structure est très répétitive : le Narrateur et Lolita voyagent en voiture, elle fait un caprice, il cède, ils ont une relation, ils repartent en voiture, il pleure… Et surtout, il y a le malaise provoqué par la situation elle-même, d'autant qu'elle est répétée encore et encore. Lolita est objectivée, réifiée. Seul son corps compte pour le Narrateur, qui n'a pas accès à ses pensées – et qui ne cherche même pas à les lire d'ailleurs. C'est donc le Narrateur qui voit une histoire d'amour, qui voit des sentiments et de la tendresse que lui porte Lolita. Nous, lecteurs post me-too, lecteurs plus sensibilisés aux questions de viol, d'inceste, de pédophilie, nous ne voyons pas de l'amour.
Et mon malaise de lectrice a été renforcée par la force évocatrice du style, et le recul sur lui-même du Narrateur. Rien n'est dit de façon crue, au contraire, le Narrateur parle de qu'il fait à Lolita de façon très pudique, voire très poétique – il se prend d'ailleurs pour un poète, il écrit des vers. On ne trouvera ainsi pas le mot viol, ni même le mot sexe, mais des métaphores délicates. Les poètes français de la Renaissance qu'étudie le Narrateur étaient moins prudes et plus directs… Et surtout, le Narrateur séduit malgré ses actes par l'analyse qu'il donne de lui-même. Il a beaucoup d'auto-dérision, il se moque de lui-même, il interpelle son lecteur qu'il cherche à apitoyer et à flatter, il semble mêmes s'amuser à varier son style, recréant un dialogue théâtral de boulevard, une confession pathétique…
Le Narrateur est donc un monstre, mais il écrit bien... Et c'est finalement ce qui m'a fait continuer ma lecture, cette réflexion sur le pouvoir de l'écriture.
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