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Critique de FredericSoulier


Je me souviens comme si c'était hier de l'écrivante qui me contacta il y a fort longtemps pour me demander quelque chose comme : "S'il te plaît, monsieur, tu veux lire mon livre ?"
Sans doute était-elle déjà au courant des échanges de bons procédés qui ont cours dans l'autoédition (tu me lèches la rondelle, je te suçote la tienne) et voulait-elle un avis impartial, sans concession. Je l'avoue, je traitai sa demande avec un poil de condescendance. Des dérouleurs de ligne, des précoces du premier jet, j'en vois passer souvent. Certains ont même des cohortes de fans prêts à défendre leurs intérêts.
Odehia Nadaco, elle, n'a pas de fans prêts à écarteler les dissidents. C'est qu'elle n'écrit pas des livres qui font du bien. Elle oeuvre dans le noir, c'est un mineur de fond. Ca tombe bien, je n'ai pas envie d'aller bien, je me trouve très bien comme je suis, bancroche, un peu fêlé du casque. J'aime à me vautrer dans les choses sales et sombres comme un cochon dans sa bauge. le romantisme ne fonctionne chez moi que lorsqu'il est accompagné d'un souffle gothique.
J'avais donc beaucoup aimé Knysna, dont les dernières lignes franchement sublimes m'avaient laissé sur le derche. le style de sa préquelle, a(i)mer, est encore plus abouti. Point ici des maladresses stylistiques qui m'empêchent d'apprécier une bonne histoire. le style est nerveux, incisif, phrases courtes et percutantes, à l'anglo-saxonne. Une écriture sous contrôle total de l'écrivaine. Ca pourrait d'ailleurs être écrit par un Américain, d'autant plus que si l'action se déroule aux Etats-Unis, je n'ai eu à aucun moment qu'elle souffrait du syndrome "Tintin en Amérique". On y est, dans les squats, dans les bars, dans les rues du Bronx.
Certes, l'histoire ne m'a pas transporté. Je lui ai trouvé des faiblesses qui lui ont coûté sa cinquième étoile. Là ne réside pas l'intérêt de cette série. Elle n'est que le prétexte pour brosser le portrait d'un loser magnifique, torturé par son passé et son avenir : Hilton. Hilton est un camé qui avait tout pour réussir mais a fui sa cage dorée pour aller se perdre dans le caniveau parmi les seringues et les médicaments. le récit de sa descente aux enfers est prodigieuse de justesse, et on en vient à se demander quelle part de fiction et d'expérience personnelle se trouve dans ces descriptions de débauche. La manière dont il en prend plein la gueule (et pas que...) m'a rappelé la trilogie de la vengeance de Dan Simmons, et toujours le génial Necropolis de Lieberman. J'aurais seulement souhaité qu'Hilton sorte un peu de sa passivité, bien que le personnage soit ainsi, et qu'il apporte une touche d'action à un récit qui s'embourbe parfois dans ses très nombreux flash-backs.
Je le répète : la force de ce roman, comme le précédent, est son ambiance. C'est noir, très noir, d'autant qu'il n'y a pas un seul trait d'humour, là où je n'aurais pas pu m'empêcher d'en mettre.
Ne présentez pas ce roman à un dépressif, c'est un coup à ce qu'il aille faire une turlute à une bouteille de propane. J'en profite pour demander à l'inénarrable JP85, qui a collé cinq étoiles à Knysna et une seule à cette préquelle à l'atmosphère similaire, d'arrêter de noter avec un dé à deux faces les livres qu'il prétend lire, et lui suggérer, peut-être, de se contenter de noter des sacs d'aspirateur, de la visserie, coques de téléphones, tout objet qui ne demande pas un entendement raisonnable pour être apprécié.
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