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Critique de AmIvankovDiaz


Marc Nagels, auteur des "Chemins de l'insolite en Anjou", est -selon un de ses éditeurs (la maison d'éditions Phloème)- un "passionné par la littérature de l'imaginaire (...) par la mythologie nordique, la matière celtique et particulièrement le cycle arthurien". "Son écriture, qui cherche à atteindre une densité presque charnelle, est aimantée par les paysages et la puissance de certains éléments : les vieux socles hercyniens, les fleuves, les forêts – réelles ou imaginaires".
C'est tout à fait cela que l'on retrouve à la lecture des "Chemins de l'insolite en Anjou". Loin d'être un simple guide touristique ce livre aime à se perdre dans les méandres de la Loire et de ses affluents, se complait dans de brumeux chemins de traverse pleins de "miroirs d'eau troués de roselières, marbrés de gris fumés très délicats, d'imprégnations grumeleuses de buvard" chers à Julien Gracq.
Bien sûr dans ces "Chemins de l'insolite en Anjou" on trouve la célèbre et étrange Tapisserie de l'Apocalypse, à admirer pour qui veut se faire happer par le château d'Angers. On découvre aussi les plus anodines, mais bien irrationnelles, "boules du fort" dont le "symbolisme... consiste à évaluer les subtiles interactions du faible et du fort pour donner à la boule ses chances d'atteindre le maître", mais aussi les étonnantes "douves du château de Brézé... qui ont toujours été sèches... elles sont percées de galeries et d'aménagements troglodytiques où s'affairait, autrefois, un village entier", un temple khmer en plein Anjou, ainsi qu'un "château du Grand Meaulnes qui s'offre à la vue, mais au détour d'une route qui n'y conduit pas."
Mais vraiment le plus surprenant dans cet Anjou insolite est la Cave aux sculptures (voir les citations).
C'est dans la clandestinité que furent sculptés, au XVIe siècle, les quelque quatre cent personnages de la caverne de Denezé-sous-Doué, car ils exprimaient des opinions jugées très subversives sous François I et Henri II, quand les rois avaient interdit les confréries professionnelles. Celle des tailleurs de pierre du Saumurois a néanmoins, au péril de la vie des participants, poursuivi ses réunions et ses activités dans cette crypte naturelle, taillant à même le tuffeau des visages, des corps et des scènes interdits par la décence et/ou par la situation politique du temps (en plein dans les Guerres de Religion). "A détailler longuement ces corps tassés contre la pierre, ces visages grimaçants, ces silhouettes tronquées, le visiteur est facilement gagné par une fièvre imaginative, quand ce n'est pas par un tremblement de rire et d'effroi."
C'est pour cette découverte de cette "Cave aux sculptures", pour cet incendiaire secret d'un art naïf si peu naïf que ces "Chemins de l'insolite en Anjou" valent le "détour" comme l'on dit dans les guides très politiquement corrects.
L'auteur ne s'y est d'ailleurs pas trompé : si la couverture affiche, en petit, des photos des châteaux d'Angers et autres, la plus grande photo montre un visage taillé dans le tuffeau exalté de cette "Cave aux sculptures".
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