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EAN : 9782737336836
160 pages
Editions Ouest-France (01/01/2005)
2.5/5   2 notes
Résumé :
Des clochers qui se vrillent de rires, des statues qui grimacent dans l'ombre de souterrains oubliés, un château double, un autre que l'on cherche comme le domaine du Grand Meaulnes, des boules faussement rondes roulant sur des pistes faussement plates, une étrange île au trésor, un jardin imprégné des enchantements d'Angkor... Quand on s'attache à le visiter dans ses moindres recoins, l'Anjou dévoile sa part de singularité, d'insolite. C'est même l'une de ses grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Marc Nagels, auteur des "Chemins de l'insolite en Anjou", est -selon un de ses éditeurs (la maison d'éditions Phloème)- un "passionné par la littérature de l'imaginaire (...) par la mythologie nordique, la matière celtique et particulièrement le cycle arthurien". "Son écriture, qui cherche à atteindre une densité presque charnelle, est aimantée par les paysages et la puissance de certains éléments : les vieux socles hercyniens, les fleuves, les forêts – réelles ou imaginaires".
C'est tout à fait cela que l'on retrouve à la lecture des "Chemins de l'insolite en Anjou". Loin d'être un simple guide touristique ce livre aime à se perdre dans les méandres de la Loire et de ses affluents, se complait dans de brumeux chemins de traverse pleins de "miroirs d'eau troués de roselières, marbrés de gris fumés très délicats, d'imprégnations grumeleuses de buvard" chers à Julien Gracq.
Bien sûr dans ces "Chemins de l'insolite en Anjou" on trouve la célèbre et étrange Tapisserie de l'Apocalypse, à admirer pour qui veut se faire happer par le château d'Angers. On découvre aussi les plus anodines, mais bien irrationnelles, "boules du fort" dont le "symbolisme... consiste à évaluer les subtiles interactions du faible et du fort pour donner à la boule ses chances d'atteindre le maître", mais aussi les étonnantes "douves du château de Brézé... qui ont toujours été sèches... elles sont percées de galeries et d'aménagements troglodytiques où s'affairait, autrefois, un village entier", un temple khmer en plein Anjou, ainsi qu'un "château du Grand Meaulnes qui s'offre à la vue, mais au détour d'une route qui n'y conduit pas."
Mais vraiment le plus surprenant dans cet Anjou insolite est la Cave aux sculptures (voir les citations).
C'est dans la clandestinité que furent sculptés, au XVIe siècle, les quelque quatre cent personnages de la caverne de Denezé-sous-Doué, car ils exprimaient des opinions jugées très subversives sous François I et Henri II, quand les rois avaient interdit les confréries professionnelles. Celle des tailleurs de pierre du Saumurois a néanmoins, au péril de la vie des participants, poursuivi ses réunions et ses activités dans cette crypte naturelle, taillant à même le tuffeau des visages, des corps et des scènes interdits par la décence et/ou par la situation politique du temps (en plein dans les Guerres de Religion). "A détailler longuement ces corps tassés contre la pierre, ces visages grimaçants, ces silhouettes tronquées, le visiteur est facilement gagné par une fièvre imaginative, quand ce n'est pas par un tremblement de rire et d'effroi."
C'est pour cette découverte de cette "Cave aux sculptures", pour cet incendiaire secret d'un art naïf si peu naïf que ces "Chemins de l'insolite en Anjou" valent le "détour" comme l'on dit dans les guides très politiquement corrects.
L'auteur ne s'y est d'ailleurs pas trompé : si la couverture affiche, en petit, des photos des châteaux d'Angers et autres, la plus grande photo montre un visage taillé dans le tuffeau exalté de cette "Cave aux sculptures".
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Du blanc presque pur, jusqu'aux différentes nuances d'ocre, du gris noircissant, jusqu'au vert velouté, cette pierre que digère l'eau et que façonne l'artiste est étonnamment vivante, capable de susciter presque simultanément la sensualité et l'effroi. Bien sûr, en archéologie, en histoire, les certitudes sont rares, mais une vérité s'impose lorsque l'on visite cette Cave aux sculptures du XVIe siècle : celui ou ceux qui ont vécu un jour dans cette chambre ardente en ont aimé les pierres. Ils les ont aimées jusqu'à les faire vivre dans l'enveloppe granuleuse de corps que l'on croirait animés par le jeu des ombres et le rougeoiement de l'âtre. Ils les ont aimées au point de risquer leur vie, car si de telles représentations avaient été découvertes, les sculpteurs n'auraient eu aucune clémence à attendre d'un jugement, si tant est qu'il ait eu lieu.
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Un climat de terreur et de clandestinité que suggère assez fortement l'une des représentations de la Cave aux sculptures (XVIe siècle) : un couple figé de plain-pied hurle. Bouches bien rondes, soulignées par une dentition circulaire, yeux écarquillés. La femme a libéré l'un de ses seins pour la tétée du nourrisson qu'elle tient fermement dans ses bras, mais aucun sentiment de paix n'émane de cette scène primitivement maternelle. Au contraire, la tétée qui représente la vie, l'innocence et l'affairement quotidien est instantanément -dans ce temps pétrifié propre à l'art du sculpteur- contredit par ces bouches arrondies de surprise et d'horreur, devant une mort qui approche pour les faucher en pleine sève. L'homme tente de protéger sa femme et son enfant. On peut lire, dans leurs yeux pierreux, le reflet d'une cohorte qui se précipite, affolée par la haine et le goût du sang.
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Tout commence en 1740, le jour où le curé du petit village de Denezé découvre sous son propre jardin une cave gorgée de représentations impies. Bouleversé, on l'imagine, et après maints signes de croix, il court en informer l'évêque d'Angers qui ordonne aussitôt le remblaiement du temple païen. Durant presque deux siècles le site est livré à l'oubli ; il ne sera visité qu'au XIXe siècle, par Célestin Port, archiviste et historien. Il faudra attendre 1956 pour que Camille et Jeanne Fraysse, passionnés d'histoire et d'architecture angevines, redécouvrent ce lieu insolite. la "Cave aux sculptures" est inscrite à l'Inventaire des monuments historiques en 1969, et les premières fouilles commencent en 1974. Elle n'exhument alors qu'une partie du souterrain, le reste est encore aujourd'hui noyé dans le remblai et conserve son mystère.
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Avant même d'aimer la Cave aux sculptures (site datant du XVIe siècle), avant de tomber sous le charme plein d'ombre de ces galeries, de ces poches minérales disséminées dans le sous-sol secret du Saumurois, il faut en aimer la nature de la pierre, ce tuffeau dont la substance peut tant différer selon les couches millénaires où l'on choisit de l'extraire, et selon la quantité d'eau qu'il ingère par capillarité, qu'il soit à l'état brut ou que l'on y ait façonné la sécheresse acerbe d'un visage hurlant.
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