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Critique de LydiaB


Une chasse à l'homme ? Diable ! Voici quelque chose de bien mystérieux ! Allez, remettons les choses dans leur contexte : Napoléon s'était entouré d'un nombre impressionnant d'hommes pour mener à bien sa conquête. Parmi eux, les frères Bacheville, Antoine et Barthélémy. Ces grognards se sont donnés corps et âme pour l'Empereur. Oui, mais voilà... comme le souligne Laurent Nagy, "quand en juillet 1815, après la révolution des Cent-jours, la paix devient le voeu général des nations et des souverains, les hommes ayant suivi Napoléon Ier dans toutes ses conquêtes, en déposant les armes, se retrouvent en face d'une terrible réalité : leur longue présence dans les rangs de la Grande Armée, leur existence pleine de risques et leur errance à travers le continent les ont rendus pour la plupart inaptes à la vie civile". Les deux frères, de retour chez eux après l'abdication de leur maître à penser, pouvaient aspirer à un peu de calme avant de tenter de se réinsérer dans la vie civile. C'était sans compter sur le fait que leurs têtes allaient être mises à prix. Voyez plutôt :


"INDIVIDUS À RECHERCHER

Barthélémy Bacheville capitaine-lieutenant de l'ex-Garde, décoré de la Légion d'honneur, âgé de trente à trente-quatre ans, taille de cinq pieds sept pouces environ, coiffé à la Titus, nez mince, un peu court et relevé, visage ovale, yeux bleus très beaux, bouche moyenne, menton rond, teint coloré, moustache peu garnie, démarche assurée, tête haute, grasseyant légèrement, corpulence bien proportionnée.

Antoine Bacheville, capitaine au 3e régiment d'infanterie de l'ex-Garde impériale, taille d'environ cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils châtains, barbe blonde, visage ovale, fort gravé, front couvert, yeux gris, assez fendus et un peu saillants, bouche grande, menton pointu, physionomie hautaine se berçant légèrement en marchant, le dos un peu voûté et la tête haute, bien que portée en avant."


On veut punir leur fidélité pour avoir accompagner Napoléon à l'île d'Elbe, l'avoir servi ensuite pendant les fameux Cent Jours. Et être jugé par la Cour Prévôtale, c'était être automatiquement coupable. Ce n'est pas tant Antoine qui est visé (il ne risque que la prison) mais bien Barthélémy, qui risque de passer à la guillotine. Voilà ce qui explique leur fuite.

Barthélémy va nous entraîner ainsi dans son périple qui va commencer en Suisse, traverser l'Est pour atteindre ensuite Constantinople, Athènes, Corfoue, l'Italie... Son récit, au style très moderne, très agréable à lire, est impressionnant. En effet, il arrive à faire un peu d'humour avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Certains passages pourraient laisser croire à des vacances à l'étranger : "On mangea, on but, on joua. Quelques dames firent de la musique et nous rentrâmes le soir à Cracovie avec plus de rapidité encore que nous n'en étions sortis le matin" (P160). On admire ce sang-froid !

Je dois avouer que jusqu'à présent, la période napoléonienne ne me parlait pas. Pire (oui, enfin, tout est relatif quand même), je ne m'y intéressais pas. Mais avec les "Mémoires d'un proscrit" de Frédéric Guillaume de Vaudoncourt et les frères Bacheville, l'entrée en matière est plaisante. Laurent Nagy et, à travers lui, les Éditions de la Louve, arriveraient-ils à m'intéresser à cette époque ? J'en ai bien l'impression !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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