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Critique de Marie987654321


"La femme qui lisait trop" est le récit original de la vie et surtout de la mort, d'une poétesse persane du XIXème siècle, Qurratu'l-Ayn. Lettrée grâce à un père qui, l'aimant profondément, lui avait donné la même éducation qu'à ses frères, elle a dérangé les hommes de son temps par sa liberté et son intelligence. Elle était capable d'en remontrer aux intellectuels et aux religieux par ses connaissances. Et surtout elle avait enlevé son voile.. toute l'opposition entre la tradition, le dogme religieux et la liberté d'expression.

La narratrice fait le choix d'entremêler les fils du récit dans le temps et entre différents points de vue : quatre livres se succèdent pour raconter et aboutir au même moment mortel : le livre de la mère (la mère du Shah ), le livre de l'épouse (du maire qui retiendra prisonnière la poetesse), le livre de la soeur (la soeur du Shah et épouse du grand vizir ) et le livre de la fille, c'est à dire celle de Qurratu'l-Ayn.

Ces quatre récits sont articulés autour de la mort de quatre hommes : le Shah, le maire, le grand vizir et l'oncle et beau père de la poétesse. La mort de 4 hommes vus par 4 femmes si différentes. La mère du Shah est avide de pouvoir et a intrigué dans les couloirs du quartier des femmes pour que son fils devienne le shah. Elle voit au fil du récit son pouvoir s'amenuiser : mère du Shah, elle n'est qu'une femme condamnée à se plier malgré tout. Elle hait la poétesse en raison de la fascination qu'elle exerce sur son fils et poussera à son exécution.

L'épouse du maire, avide de reconnaissance sociale, obsédée par la possibilité de faire un riche et noble mariage pour son fils, elle sera touchée par la poétesse avec laquelle une relation se nouera. La soeur du shah est la plus touchante ; soumise à son destin, elle fait le choix de suivre son époux en exil par fidélité.

Nous découvrons dans ce récit une partie de la société iranienne du XIXème : le sort des femmes mais aussi les injustices sociales et l'indifférence des puissants (homme ou femme) au sort des plus pauvres. La description de la famine et plus précisément du comportement des plus riches qui s'approprient toutes les ressources sans le moindre scrupule est assez noire et édifiante.

La poétesse n'est pas racontée directement. Cela peut dérouter. L'auteur ne voulait pas imaginer des caractéristiques psychologiques à un personnage parfaitement méconnu. Elle apparaît uniquement dans le regard que les autres portent sur elles, gardant son mystère. Cela peut être quelque peu frustrant. le lecteur n'a pas le sentiment de rencontrer réellement la poétesse de Qazvin comme elle est désignée mais compte tenu du peu qu'on sait d'elle ; un autre choix aurait été le risque d'une trahison.
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