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Critique de pompimpon


"- Désolé.
- Tu n'as pas à t'excuser.
-Pardon ?
- Non, rien… Enfin si, c'est seulement qu'il ne faut pas utiliser le mot "désolé" pour remercier quelqu'un ou réclamer un service… Mais bref."

Flânant dans le quartier de Susukino à Sapporo, le narrateur se remémore une affaire qui lui avait été confiée quelques années plus tôt, au milieu des années 1980, "avant l'amendement en 1985 de la loi réglementant les établissements de plaisir, quand les maisons closes de type "soaplands" étaitent encore appelées "bains turcs" et que le sida n'étaient qu'une étrange maladie d'origine inconnue réservée aux homosexuels américains."

Ce jour-là, alors qu'il commence sa soirée au Keller Ôhata, il est abordé par le seul autre client de l'établissement, un jeune homme probablement étudiant à l'université d'Hokkaido. le jeune homme le supplie de retrouver sa petite amie, disparue depuis quatre jours.

A force de supplications et d'airs de chien battu, il finit par convaincre le narrateur d'accepter cette affaire, très simple à première vue.

Mais dès ses premières investigations, notre détective constate que cette disparition intervient dans le même temps que le meurtre d'un serveur de maison close dans un "love hotel".
Il doit ménager son jeune client, terriblement anxieux et agaçant, et poursuit son enquête, lorsqu'il est agressé très brutalement par une bande de jeunes gens dont il est permis de supposer qu'ils ont été dirigés en sous-main par la pègre nipponne.

Le fin limier de Susukino parviendra-t-il à élucider la disparition de la jeune fille, à découvrir qui a tué le serveur de maison close, à comprendre si les deux évènements sont liés ou non, et à trouver qui peut bien lui en vouloir au point de le faire tabasser à la sortie d'un ascenseur ?

Voilà un personnage qui ne manque pas de piquant.
Son truc à lui, c'est tout d'abord et avant tout de traîner d'un bar à l'autre jusque très très tard dans la nuit, de boire beaucoup beaucoup trop, seul ou accompagné d'un pote de beuverie, de jouer aux jeux d'arcade, ancêtres des jeux vidéos dans les salles à l'époque prévues à cet effet, ou bien à Othello avec le barman du Keller Ôhata, son QG.

Il sait aussi régler les problèmes d'extorsion et de débiteurs qui se disent impécunieux, pour lesquels il est souvent sollicité.
Et bien qu'il s'habille de telle sorte qu'on le prend facilement pour un yakuza, il ne peut pas les sentir et n'a pas la moindre considération pour eux.
Il n'est jamais avare d'un bon mot, au point de la ramener quand ce n'est pas le moment, ce qui peut lui attirer quelques inimitiés. Et contrairement à ce qui est indiqué en quatrième de couverture, il n'est pas en reste non plus pour une bonne baston.

Bref, s'il n'est pas exactement le digne héritier d'un Philip Marlow ou d'un Sam Spade, il sait retenir l'attention et mener son monde par le bout du nez dans les rues de Susukino, entre deux virées dans tous les bars du coin, pour résoudre l'affaire qui lui a été confiée voire bien davantage.
Soulignons qu'à l'époque, au siècle dernier donc, il n'y a pas de téléphone portable et que le seul moyen de joindre notre fin limier c'est de passer par ses bars favoris…

C'est donc un bon moment de lecture qui m'a permis de faire connaissance de ce détective qui traîne dans les bars.
À ce jour, malheureusement, c'est le seul volume traduit en français d'une bien longue série écrite par Naomi Azuma depuis 1992 et dont trois autres tomes ont fait l'objet d'une adaptation au cinéma.
Bonne pioche pour l'éditeur Atelier Akatombo, une maison qui aime la belle ouvrage et dont les livres attirent l'oeil par leur visuel soigné, spécialisée dans les mauvais genres nippons, dont j'espère qu'elle pourra nous régaler d'autres traductions des enquêtes imaginées par Naomi AZUMA !

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