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Critique de fuji


On ne lui prendra pas Beyrouth
J'ai beaucoup aimé la construction de ce livre en triptyque. Premier tableau l'enfant qui est avide de grandir, nous sommes en 1956 et Youssef Hosni a 13 ans, puis l'étudiant en 1968 et les actions en faveur du progressisme, et 1982 le journaliste qui couvre les conflits.
C'est à travers ce roman aux accents autobiographiques la mémoire du Liban qui se déroule sous nos yeux et comment on a laminé ce pays. Les émotions sont intactes et Sélim Nassib nous les fait vivre pleinement.
La première partie est celle de l'enfant qui veut sortir des limbes de cette période, il veut vivre la sensualité, la sexualité devenir un homme.
Au sein de sa famille, il est pressé de tout voir, de tout comprendre et de tout vivre. C'est pour le lecteur une façon d'appréhender les us et coutumes de ce pays.
« Treize ans est l'âge fixé par Dieu lui-même, des forces supérieures se conjugueront à la seconde dite et me feront changer d'état. Alors j'entrerai dans le monde de Rocco, libéré de toute tutelle, responsable de mes actes, comptant dans le miniane et la prière des morts, sexuellement puissant, faisant partie de la tribu, libre de la quitter enfin. »
Sa mère enceinte à 20 ans a finalement été épousée par le père, joueur de poker invétéré, qui n'a rien changé à ses habitudes et qui est recherché pour dettes de jeu et met sa famille en danger. Mais le couple restera ensemble. L'oncle Victor est un pilier, c'est lui qui met la famille à l'abri quand les évènements sont menaçants.
Rocco le copain plus âgé, sorte de petit voyou, va faire des études de lettres et quittera le quartier juif pour vivre au milieu des musulmans.
Fouad autre figure de la jeunesse deviendra avocat.
Youssef fera des études à Paris et fera des aller-retour régulièrement entre Paris et Beyrouth.
« La guerre a changé les choses du tout au tout ... Et tout devient vrai : ce n'est pas une guerre parmi d'autres, vite venue vite passée, mais un évènement historique majeur capable de déclencher l'exode de toute une communauté — jusqu'à atteindre les êtres les plus rétifs au changement . »
C'est un livre très réaliste, d'une densité qui peut décourager et qui aurait mérité une trilogie.
La narration est puissante, l'écriture rythmée et le lecteur ressent bien la nécessité de témoigner sur ce Liban qui est toujours en effervescence et dans l'actualité.
Je trouve que la forme du roman fait perdurer ce passage de témoin et comme l'écrit l'auteur :
« Beyrouth te suivra jusqu'à ton dernier souffle, où que tu sois, c'est elle qui te fermera les yeux. »
Lu dans le cadre du Prix du Roman FNAC 2022 et toujours en lice.
©Chantal Lafon


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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