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Citations sur Le tumulte (10)

J’avance lentement la main et saisis le coin du drap qui lui couvre le ventre. Avec douceur, je le soulève. Ce que je découvre en dessous, c’est qu’elle ne porte pas de culotte comme nous mais toutes sortes de bizarreries. C’est peut-être normal puisqu’elle est kurde. Une étoffe grossière lui passe entre les jambes, fait le tour des hanches et se noue autour de la taille. Incroyable que ce tissu plié sur plusieurs couches soit le seul barrage. Il est un peu lâche, il suffirait de l’écarter un peu.
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Mais le long de ses coursives lambrissées décorées façon La croisière s'amuse, des combattants errent, le regard perdu, la kalachnikov à la bretelle. La collusion incongrue de la guerre et du divertissement fait qu'on ne sait plus très bien dans quelle histoire on est.
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J’avais treize ans quand j’ai quitté Alep pour Beyrouth, le Liban et la Syrie étaient quasiment le même pays, on n’avait pas besoin de papiers.
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Ton père, lui, vient d’Irak. Elle appuie toujours sur ces mots, ton père, et quand elle s’adresse à une tierce personne, elle dit lui, sans jamais l’appeler par son nom. Mais tu n’es pas irakien ! Je ne comprends pas. C’est quoi, alors, être syrien, être irakien ? C’est avoir les papiers, et nous ne les avons pas. Mais l’accent, est-ce que nous l’avons, l’accent ? Ça dépend.
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Chez nous, on parle français. Sauf papa qui ne parle jamais, ou rarement. Le français, c’est maman. La frangié, c’est comme ça que ses sœurs l’appellent. Ça lui est égal : elle continue de me pousser vers le français comme s’il était son seul miroir, mon seul avenir. Elle s’y retranche. La France a quitté le Liban depuis plus de dix ans mais même de loin elle reste « la tendre mère » qui veille et protège, la source qui pourvoit en images, en rêves. L’arabe, lui, est réservé aux échanges avec les épiciers ou les bonnes, mais c’est aussi la langue de tout ce qui est sale. Niquer, bite, putain, maquereau, masturber, enculer, tous ces mots n’existent pas en français. Le français est une langue aussi bien élevée que moi, en costume de velours à bretelles et chemise de satin, innocent petit garçon à sa maman, respectueux.
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La rue, voilà l’ennemi, qui enseigne toutes les mauvaises choses, comment on se bat et comment on baise, comment, petit garçon, on se fait détourner par des mains qui caressent vos jambes nues. La rue mélange le pur et l’impur, elle baise dans les cages d’escalier, elle résonne d’injures et de grossièretés, la rue est arabe.
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Il me fait épouser sa cambrure parfaite, toujours plus haut, et me porte jusqu’au point où il accumule toute sa puissance. J’arrache mon plaisir avec férocité, je le dispute à l’attraction du trou, je l’agrippe comme un avare qui croyait avoir tout perdu. Depuis le sommet, je fixe le rocher plat aux crêtes coupantes où je vais m’écraser, je n’y peux plus rien. Ce moment d’arrêt où je suis chaudement tenu prisonnier, ce court instant de lévitation est précisément ce que je cherche. Une seconde de suspens, une seule, volée au cours normal du temps, et la décharge prodigieuse me précipite la tête en avant.
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Elle a eu un regard d’épouvante, comme si un danger immatériel était suspendu sur sa tête, derrière elle, un coup imminent. Elle m’a reconnu et sa figure a repris son expression aimante, de tous les jours, mais le changement avait été trop brusque. L’éclair de terreur irraisonnée, je l’avais surpris, et cela rendait plus inquiétant encore son effort pour le masquer. La peur et sa négation acharnée.
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Les enfants oublient, paraît-il, mais il y en a qui le prennent très mal. Par exemple, moi. Je refuse ce qu’on m’a fait, je veux qu’on me rende le bout qu’on m’a pris sans me demander mon avis. C’est peut-être lui qui me manque.
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N’importe qui peut faire irruption, la porte de la rue reste ouverte, on est obligés de vivre sous les yeux de tous. Je n’ai que la nuit pour moi seul, dans la salle à manger, des heures et des heures, sans risque d’être surpris.
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