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Critique de Olivia-A


En se faisant reporter de la guerre d'Algérie plusieurs décennies après les faits, Jean-Baptiste Naudet nous replonge dans l'atrocité de cette guerre d'usure où torture et massacre sont les maîtres mots. Ajoutées à ces descriptions vivaces, les lettres échangées par Danielle et son fiancé, Robert, ne font que renforcer le sentiment d'injustice, de gâchis et d'inutilité de cette guerre contre les « fellouzes ». Dans ces lettres pleines d'innocence et d'espoir, les deux fiancés envisagent la fin de la guerre, prévoient leur vie au retour De Robert, alors même que celui-ci a bien conscience qu'il est probable qu'il n'en revienne pas. Un amour rendu impossible à cause d'un gouvernement français incapable d'assumer ses torts et de mettre un terme à cette guerre coloniale perdue depuis longtemps – le fardeau d'une génération traînée de guerre en guerre, d'Indochine en Algérie, pour la seule fierté d'un Etat français en mal d'empire.

Jean-Baptiste Naudet nous livre sans ambages ses traumatismes de jeune homme, face à une mère dévastée par un passé impardonnable et puis ceux, plus récents, nés de la culpabilité d'avoir condamné ou compromis tant de gens pendant ses reportages à haut risque. Il nous laisse entrevoir la réalité du métier de reporter de guerre, l'attractivité addictive du danger et la fatigue morale des situations impossibles. Il ne nous cache rien des difficultés rencontrées sur son chemin : la dépression violente et expansive de sa mère, sa propre descente aux enfers et ses épisodes d'internement pour tenter de lutter contre son syndrome post-traumatique. C'est un récit extrêmement personnel, un exorcisme de ce que l'auteur a vécu, une quête de sens pour retrouver l'origine de cette vocation inhabituelle, mais c'est aussi un récit à vocation universelle : un message de paix à destination des générations futures pour que jamais ne soient reproduites les atrocités de la guerre d'Algérie.

Mention particulière à Gilles Naudet, sans qui ce livre n'existerait pas, et qui synthétise brillamment son message dans les dernières pages – merci, vous m'avez émue aux larmes.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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