AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Illwenne


Dans Vivre et Mentir à Téhéran, Ramita NAVAI nous offre un portrait intime de Téhéran à travers les histoires de huit de ses habitants. Et pour relier entre eux ces huit récits qui font chacun l'objet d'un chapitre, elle nous entraîne le long de Vali Asr, cette avenue de 18 km de long qui traverse la capitale du nord au sud. Au nord les belles maisons, les jardins verdoyants : c'est le quartier habité par les gens aisés. Quand on descend vers le sud, on traverse le coeur de la ville, bruyant, encombré et plus on progresse dans cette direction, plus les bâtiments se font décrépis et négligés, jusqu'à atteindre l'extrémité bordée de cabanes aux toits de tôle, et qui se termine en ruelles étroites et sombres, souvent couvertes de détritus. Ramita NAVAI a recueilli le témoignage de ces huit personnes, mais elle prend soin de protéger leurs identités. Elle a bien sûr changé les noms, mais pour certains de ses personnages elle a mélangé plusieurs témoignages. Ils ont tous en commun le désir de vivre dans leur ville en essayant de garder un peu de liberté. Et sous le régime des ayatollahs, ce n'est pas facile, il leur faut contourner les lois qui souvent se contredisent, éviter la police religieuse : pour cela une seule solution : mentir aux autres ou à soi-même, ou aux deux.

Parmi ces huit récits qui tous sont émouvants, j'ai été particulièrement touchée par l'histoire de Mortezza, et celle d'Amir.

Morteza un jeune homme des quartiers pauvres qui s'engage chez les "bassijis", (une force paramilitaire qui terrorise la population) pour cacher son homosexualité. Il ne pourra pas soutenir ce mensonge très longtemps et finira par demander à changer de sexe. Car à Téhéran, avoir des rapports avec une personne de même sexe est puni de plusieurs dizaine de coups de fouets, voire même de la mort, mais changer de sexe est autorisé.

Amir, le blogueur, harcelé par le juge qui a fait exécuter ses parents 25 ans auparavant. Celui-ci le supplie de lui pardonner : " Nous étions persuadés d'agir au nom du bien. Nous croyions sincèrement que tes parents étaient des ennemis de Dieu. Mais pour nous, c'était une question de survie, nous subissions un feu roulant d'attaques. Je n'ai fait qu'exécuter des ordres. Et puis un jour, j'ai perdu pied parceque j'ai compris que je me mentais à moi-même, que je mentais au monde et pire que tout que je mentais à Dieu."

C'est une description à la fois sombre et pleine d'espoir que l'auteure nous livre à travers ces huit récits. Tous ses personnages souffrent, mais tous ont une formidable envie de vivre et de liberté. La plupart de ceux qui quittent le pays, pensant trouver une vie meilleure à l'étranger, y reviennent. Outre les personnages qu'elle décrit si bien, elle a fait de Téhéran une personne à part entière. Au fil des pages et des récits, on sent battre son pouls, les odeurs de ses ruelles, toute l'ambiance qui y règne. le livre est particulièrement bien écrit et un plan du quartier de Vali Asr empêche le lecteur de s'y égarer. L'auteure a eu également la bonne idée d'ajouter en fin de livre un glossaire ou l'on peut trouver la signification des termes iraniens employés dans le récit.

En bref
Une magnifique lecture. Un coup de coeur.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
Commenter  J’apprécie          61



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}