Mentir est un talent nécessaire aujourd'hui. Nous devons cacher tout ce qu'il y a d'agréable dans la vie - la musique, la boisson, la joie exubérante, les jolis habits.
Les filles qui lisent des livres ne savent pas lire les hommes.
Ne meurs que pour quelqu'un qui se consume pour toi.
C'est une femme reporter, une vraie, une conteuse privée du droit de mentir, mais libre de dire toute la vérité.
Mustafa savoure certainement cette occasion de battre ainsi une jolie fille. Cela confirme quelque chose que Saba a saisi il y a longtemps: les pasdars ne haïssent pas tant l'indécence que leurs propres pulsions. Chaque jour, ils imaginent une nouvelle forme de cruauté - des règles déconcertantes, des actes de torture, des meurtres en pleine nuit - qui lui donne envie de fuir, de quitter l'Iran, de se laver les mains de la puanteur de la mer Caspienne et de ne plus jamais rien avoir à faire avec tout ça. L'Iran est un pays fini. Quand Mustafa sera vieux, comprendra-t-il qu'il a un jour passé une fille à tabac simplement parce qu'il ne pouvait rien contre sa beauté? Une foutue paire de chaussures. La bonne blague.
Enfant, elle pensait que toutes les distances pouvaient se chiffrer en nombre de pincées. Aujourd'hui, elle a déterminé la longueur de son trajet en tenant compte de l'essence dans le réservoir de la voiture.
Savoir mentir est crucial en Iran, où tout le monde pratique au moins l'un de ces deux arts élémentaires : le tarof ("venez monsieur ! mangez buvez. prenez ma fille !") et le maast-mali (littéralement : recouvrir de yaourt "), ou l'art de feindre l'innocence. ( "oh ce n'était rien ! une bosse ? non à peine une égratignure. en fait je n'était même pas en Iran ce jour-là !").
On peut espérer une chose toute sa vie et découvrir lorsque celle-ci arrive que sa douceur dépasse en réalité tout ce dont on avait rêvé.
En clair, si vos actes sautent aux yeux, ce n'est pas la peine de faire un effort pathétique pour les cacher.