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Critique de Christophe_bj


Fabrice Neaud poursuit son entreprise de journal autobiographique dans ce quatrième tome couvrant les années 1995-1996, ce qui va nous donner l'occasion, dans une mise en abyme, d'assister à la rédaction du premier tome. ● Les avis que j'ai lus sur Babelio font état d'un album moins triste et moins égocentré que les précédents. Il est vrai que dans ce tome Fabrice Neaud apparaît plus sociable (cf. par exemple p. 82 où on le voit s'ouvrir aux relations sociales en s'admonestant lui-même), moins irritable, un peu moins paranoïaque, moins obnubilé par les hommes. ● Mais la contrepartie c'est qu'il nous abreuve dès le début de pensées philosophiques extrêmement indigestes, parfois incompréhensibles, parfois aussi incohérentes les unes avec les autres. Ainsi il fustige à la fois le gauchisme et le « néolibéralisme », par exemple. le début est en outre d'un lyrisme incantatoire et pompeux qui reviendra régulièrement dans l'album ; c'est très pesant. ● Evidemment, il sera facile pour l'auteur de contrer l'objection, car il ne cesse de dire que le refus de la « prise de tête » est un des travers de l'époque. Ce n'est pas une raison, à mon avis, de faire compliqué quand on peut faire simple. Il semble avoir des noeuds dans la tête et la moindre idée, la plus simple, prend avec lui des proportions philosophiques immenses et surtout inutiles qui lassent le lecteur. Par plaisir, il intellectualise et complexifie tout. ● J'ai trouvé piquant qu'il fasse dire à sa voix off : « Ne pas regarder le passé » (p. 18)… alors que toute son entreprise est un regard tourné vers le passé… ● Une remarque intéressante : « L'art n'a jamais eu pour vocation d'être démocratique. » (p. 64) ● J'aime sa critique du tout-relatif culturel p. 148 : « Plus de différence entre Céline Dion et Oppenheimer […] la connaissance a ses degrés, […] le goût et les idées en ont aussi… » (même s'il se trompe pour Newton, ou du moins n'est pas scientifiquement juste). ● J'aime aussi ce qu'il dit de son « regard prédateur ». ● Il y a chez Fabrice Neaud une droiture, une inflexibilité morale, une recherche d'absolu, qui malgré tout ne peuvent pas ne pas toucher le lecteur. ● Mais ce que j'aime par-dessus tout chez cet auteur ce sont ses dessins, somptueux. Avec une superbe économie de moyens, ses dessins de paysages ou ses portraits laissent sans voix. Je me suis très souvent arrêté sur une vignette pour en contempler tous les aspects, tous les détails, m'extasiant sur ce qu'il arrive à faire. C'est vraiment magnifique, quel talent !
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