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Critique de Carl_Alistair_Ferry


En lisant ce roman, je me faisais la réflexion qu'il illustrait assez bien le côté Janus de l'horreur : il y a la façon « moderne » de l'aborder (soit la manie de faire sursauter le lecteur/spectateur en lui fourrant tout soudain une ombre sous le nez — tout en lui massacrant les tympans à la scie sauteuse —, ce qui en matière strictement littéraire pourrait se traduire par une surenchère de descriptions gores) ; et puis il y a l'horreur à l'ancienne, l'horreur « permanente », en un sens : elle n'a pas à jaillir, parce qu'elle est tout le temps là, sous votre nez, vous ne pouvez pas l'ignorez parce qu'elle ne se contente pas d'imprégner l'univers, elle EST l'univers.

Celui de Necrosang est de ceux-là : impossible d'échapper à sa puanteur. Dès les premières pages, le texte vous laisse un arrière-goût de cendres dans la bouche. C'est un monde écrasé de guerres, de maladies et d'atrocités, que j'ai trouvé décrit avec une espèce de sobriété lovecraftienne, ce style qui n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour convaincre le lecteur. Cela m'a fait penser à la tirade du maréchal de Biron dans Saint-Germain ou la négociation (texte dans un tout autre genre mais qui dans la bouche dudit personnage cultivait un certain réalisme) : la guerre n'a pas de couleur, tout y est terreux ; le sang n'est pas vermeil, mais roux et sale. Tel pourrait être le nuancier de Necrosang, et l'arrière-plan de sa galerie de personnages au teint cireux, au premier rang desquels le Voldyre Vetryan et l'Humain Nahim, confrontés à un environnement où leur quête (de sens, essentiellement) semble vouée à un échec cruel.

Un excellent livre à l'image d'un vieux whisky : il faut prendre le temps de le déguster.
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