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Critique de stephanerenard


Comment aborder un ouvrage aussi ambitieux? Penser le mal, c'est d'abord une immense fresque historique de la pensée philosophique occidentale, non sous l'angle de la recherche de la vie bonne, mais sous l'angle de la question du mal.

L'occident chrétien éprouve une grande difficulté à penser la question du mal parce qu'il est préoccupé de comprendre comment Dieu peut autoriser le mal. Comment concilier un dieu bon, et les catastrophes naturelles? Bien sur la théologie chrétienne invoque le péché originelle, la chute, mais ce n'est pas sous cet angle que l'aborde la philosophie. Avec Leibnitz, on atteint sans doute le point culminant de ce qu'on appelle la théodicée, c'est à dire une tentative philosophique de dédouaner Dieu de l'existence du mal : Leibniz tente de démontrer que Dieu a créé le meilleur compromis possible. Car ce qui est bien pour l'un peut être mal pour l'autre.

"Au milieu du XVIIIème siècle, les débats se limitaient à la possibilité d'éliminer les maux d'ordre naturel (la souffrance), les maux d'ordre moral (le péché), et le lien fluctuant qui les relie. La médecine et la technique devaient lutter contre les premiers, la pédagogie et une économie plus équitable contre les seconds, et la justice politique contre le troisième."

Avec les philosophes des lumières, on sort radicalement de cette approche de Théodicée pour commencer à mettre l'homme au centre de la métaphysique mais toujours sans résoudre le problème, si ce n'est les fulgurances de Rousseau qui attribue le mal à la vie en société.

Avec la mort de Dieu (philosophes du soupçon), la question du mal s'éloigne peu à peu de l'interrogation sur la justice divine manifestement peu à l'oeuvre en ce monde, pour se tourner vers l'homme et son destin. Mais c'est avec Auschwitz et Hiroshima, donc assez tardivement dans l'histoire de la pensée que l'homme prend la première place comme capable du mal absolu. La find de l'ouvrage est toutefois marquée par un appel intéressant à résoudre l'aporie philosophique qu'est le mal en ouvrant la philosophie sur les sciences humaines et en particulier sur les apports récents de la psychologie.

"Après tout, nous sommes horrifiés, non pas quand des bêtes et des démons se comportent comme des bêtes et des démons, mais quand ce sont des êtres humains qui se comportent ainsi."

Je regrette que l'ouvrage aborde finalement assez tardivement la pensée du demi siècle qui vient de s'écouler, et finalement discute assez peu les écophilosophies contemporaines (Hans Jonas et autres) nées depuis qu'on a compris que l'homme était en train de détruire la planète, en pillant les ressources naturelles, et en consommant ces véritables bombes à retardement que sont les énergies fossiles. Mais il faut bien reconnaitre que cette somme est déjà particulièrement conséquente.

Mais il faut dire que la somme de réflexions contenues dans ce livre.
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