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Critique de Davalian


Holmes contre l'irrésistible Irène : tout un programme ! Voilà un titre (et une quatrième de couverture) qui sent le grand n'importe quoi holmésien à tendance Adler l'indispensable-alors-qu-elle-n-apparaît-qu-une-fois-dans-le-Canon à plein nez. Et effectivement, il s'agit bien de cela…

Carole Nelson Douglas tente une approche apocryphe, féministe et partisane du Canon. Ici le grand détective devient l'homme et Irène Adler fait office d'héroïne. Ce roman fait partie intégrante d'une série. Les rares bonnes idées qui auraient pu en émerger sont réduites à néant, tuées dans l'oeuf, par une approche désastreuse.

Le roman est beaucoup trop long pour ce qu'il propose. Près de 500 pages pour une histoire aussi simple suppose de perdre beaucoup de temps en chemin, de s'intéresser à des points de détails dans lequel le récit fini par s'enliser. Ainsi l'on nous propose de suivre une introduction qui se déroule en Afghanistan… pour mieux l'oublier ensuite. le style se veut féminin, mais il ne fait que s'ériger au rang de cliché.

Le style littéraire est tour à tour descriptif et privilégie l'action. Enfin, ici par action il faut comprendre les échanges entre les personnages et les cogitations fortement insipides et inintéressantes du protagoniste. Certaines réflexions peuvent faire sourire mais elles finissent par lasser avant de friser l'énervement. Attention à la tentation de privilégier la lecture en diagonale se fera de plus en plus pressante.

Le protagoniste, Pénélope Huxleigh, est consternante. L'on en vient très rapidement à ne plus pouvoir la souffrir tant son rôle est déplorable. Il s'agit d'une gouvernante anglaise qui n'a de cesse de ressasser ses idées préconçues et de vivre en conséquence. Son seul intérêt étant le mystérieux journal qu'elle tient. Hélas, la narration est omnisciente et l'occulte complètement... tout en le mentionnant fréquemment. Utilité zéro, sinon pour justifier l'édition du roman... et des suivants, tant qu'à faire.

Le personnage d'Irène Adler est une sorte de Sherlock Holmes au féminin duquel on ne retient que le côté brillant, l'anticonformiste et qui n'aurait de cesse de jouer de vilains tours à son docteur Watson de pacotille, sans oublier quelques allusions sexuelles ici et là. Les commentaires sont superflus. Les quelques participations de Sherlock et de John seront appréciées, même si elles ne sont pas franchement à l'avantage des intéressés.

L'intrigue est d'une platitude affligeante. Même si elle se déroule entre Paris et Londres, elle peine à susciter l'attention. D'ailleurs, elle est si prévisible qu'elle ne sert que de vague fil rouge pour relier les réflexions du protagoniste. Les références au Canon (Le signe des quatre, Un scandale en Bohème et le traité naval) sont limitées et rappelées en boucle. Les inexactitudes, parfois volontaires et avec une tentative de justification, finissent par ruiner l'une des rares potentielles bonnes idées que l'on peut trouver ici (avec beaucoup d'indulgence) : tirer de nouvelles conclusions de la nouvelle intitulé le traité naval.

Pouvait-on franchement ne pas deviner l'identité du grand méchant et pire encore anticiper le dénouement ? La réponse est évidente : non ! Autant se l'avouer, ce roman n'a strictement aucun intérêt. Sans doute aurait-il été préférable de le limiter à une centaine de pages, grand maximum, voir d'assumer un pastiche, ou mieux encore : s'abstenir plutôt que de commettre ce machin.
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