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Critique de Meps


Comme je cherche à lire plus d'auteures qu'auparavant, voulant tout au moins approcher une forme de parité, même si la littérature classique n'a pas forcément fait la part belle à ces dames, je m'intéresse donc à la découverte de nouvelles plumes. En voyant le nom de Nemirovsky en bibliothèque, il ne m'était pas inconnu et j'ai donc choisi ce petit roman pour débuter.

Si Nemirovsky a sonné familier pour moi, c'est sans doute du fait de son Renaudot obtenu en 2004 pour Suite française... 62 ans après sa mort ! La vie de l'auteure est en effet un roman à part entière. Sa famille fuit la Russie, chassée par les prémisses de la Révolution d'Octobre pour qui son père banquier aurait fait figure de victime prioritaire. Sa fuite l'amène en France... où elle subira la déportation à Auschwitz où elle mourra. Victime expiatoire désignée pour tous les extrémismes, elle nous aura laissé des traces écrites qui prennent du coup une valeur toute particulière.

Et le sujet de cette affaire Courilof la concerne directement, puisqu'il s'agit bien des premiers attentats perpétrés par les "Rouges" contre les "Blancs" et qui aboutiront à la révolution bolchevik. de façon très habile, elle se met à la place d'un des révolutionnaires "embauchés" pour se débarrasser d'un suppôt du pouvoir. En changeant son angle d'approche, elle peut ainsi montrer les atermoiements d'un révolutionnaire que la vie auprès de sa victime fait reconsidérer l'image totalement négative qu'il s'était construite. Mais elle ne se prive pas non plus de dépeindre les manigances et manoeuvres politiques des "Blancs", alliés de sa famille dans la réalité, mais tout aussi pitoyables que leurs adversaires dans leurs agissements. Un portrait bien noir d'une humanité, tout au moins dans son costume d'animal politique, qui s'empresse de commettre les actes qui l'ont poussé à se révolter contre le pouvoir en place.

La prouesse de ce livre tient surtout dans la progression dramatique, avec une fin qu'on sait inéluctable puisque annoncée dès le départ... le roman commence comme un récit d'espionnage, prend ensuite des allures de roman d'apprentissage où le bourreau devient élève, et se termine dans l'incertitude malgré le dénouement évident.
L'auteure maîtrise parfaitement ses changements d'atmosphère et l'évolution se fait tout en douceur, sans même qu'on s'aperçoive du subterfuge. Comme tout artiste talentueux, Irène Nemirovsky garde pour elle ses secrets d'artisan, jalouse d'un savoir-faire qu'elle ne pourra malheureusement jamais transmettre, victime d'une folie humaine qu'elle a su si bien percevoir et analyser avant de la subir dans sa chair.
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