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Critique de thedoc


Irène Némirovsky, auteur de « Suite française », est née à Kiev en 1903. Issue de la bourgeoisie juive, sa famille a fui les persécutions antisémites puis la Révolution de 1917 pour s'installer en France. Irène a alors 20 ans. Devenue un brillant écrivain durant l'entre-deux-guerres, l'auteure écrit « Suite française » avec l'idée d'une série de cinq romans pour composer son oeuvre. Arrêtée et déportée à Auschwitz en 1942, elle meurt cette même année alors qu'elle vient d'achever les deux premiers romans.
C'est tout d'abord son mari Michel Epstein, lui-même mort en déportation quelque temps plus tard, puis sa fille Denise, qui prennent soin de son manuscrit. Mais il faut attendre 2004 pour qu'il soit enfin publié et qu'il connaisse un succès éditorial (Prix Renaudot 2004).

« Suite française » nous ramène à l'époque trouble de la débâcle française et aux premières années d'occupation qu'Irène Némirovsky a elle-même bien connues. Elle pose sur cette période un regard réaliste, dénué de tout manichéisme. Ses observations sont donc tout l'objet de son livre qui tient en deux parties : « Tempête en juin » retraçant l'arrivée des troupes allemandes à Paris puis l'exode des français devant leur avancée, et « Dolce » retraçant l'attitude des habitants d'un village de province occupé.

La première partie nous met en présence de nombreux personnages, de tous les niveaux et de tous les milieux : petits bourgeois, paysans, aristocrates, artistes perdus, familles ouvrières… La panique gagne chacun et c'est chacun pour soi. Veulerie, mesquinerie, égoïsme,… l'être humain ne ressort guère grandi de ce tableau réaliste. Car en effet, Irène Némirovsky raconte sans complaisance, de façon minutieuse et saisissante, l'état de la France et l'état d'esprit des Français tels qu'elle les perçoit en ce début des années 1940. La seconde partie, « Dolce », nous plonge plutôt dans une douceur de vivre comme son nom l'indique. L'auteure se concentre ici sur les relations homme-femme, y compris avec l'occupant. Dans ce microcosme où le conflit se réduit soudain aux murs d'un village occupé, Français et Allemands doivent vivre ensemble et apprendre à se connaître. le temps s'égrène doucement tandis les sentiments se font plus forts et que les tensions s'exacerbent.

L'écriture précise et fluide, ainsi que l'acuité des observations d'Irène Némirovsky, révèlent tout son talent d'écrivain pour dépeindre le monde qui l'entoure. « Suite française », récit romancé, vaut tout autant pour son intérêt documentaire. Tel un testament, il clôt avec brio l'ensemble de l'oeuvre de l'auteure même si l'on sait, malheureusement, qu'elle est inachevée.
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