Le titre d'emblée nous annonce le monument, l'oeuvre universelle. le poids du volume également : 550 pages de vers au contenu lourd de sens, riche en métaphores et criant de revendications. La voilà l'Amérique du Sud dans son
chant général, parcourue de part en part par les mots colorés et vibrants de
Neruda.
C'est la terre qu'il chante, la montagne, la roche et ce qu'on en extrait, les métaux et la joaillerie; c'est la mer aussi, le paysage marin et ce qui s'y cache; c'est l'histoire souvent cruelle d'une terre envahie par l'appât du gain, l'histoire de peuples et de pays exploités par les trusts soutenus par les gouvernements corrompus et violents.
C'est l'avènement de ce continent que
Neruda s'applique à décrire, la naissance de sa nature et ses paysages incomparables. C'est un chant large comme cette terre de Cuba au Détroit de Magellan qu'il décrit tissant de petite phrases, des périodes simples, de traits de pinceaux où rutilent les vagues, les métaux extirpés de la mine ou les fruits de la terre.
Il s'applique surtout à conter la vie de son peuple, comment l'injustice s'est faite mode de gouvernement, le destin de ces hommes devenus suie, sable ou sueur. C'est à leur libération que travaille
Neruda.
C'est cela le
chant général, celui qui s'adresse à tous, que liront les petites gens quand il y aura "des écoles et du pain". C'est un projet, c'est un legs, c'est une promesse.