Le Fils

Encore une fois, je suis amené à revoir mon point de vue, plutôt négatif, sur les grands auteurs de polars, qui s'écartent de leur terrain de jeu favori, que sont leurs séries où l'on retrouve leurs personnages récurrents. Bien que ne s'inscrivant pas dans les enquêtes d'Harry Hole, le Fils est du grand Nesbø. Les premières pages nous plongent dans l'univers de la drogue et des junkies, et dans celui des prisons. Ces premières pages sont d'ailleurs mystérieuses, quasi mystiques. La corruption des puissants est aussi omniprésente. Tous les ingrédients d'un bon cocktail classique. Mais le Fils n'est pas un thriller comme les autres. Il raconte la quête meurtrière d'un jeune drogué, incarcéré pour meurtre, qui se lance à la poursuite des responsables de la mort et du déshonneur de son père. Cette quête est une sorte de rédemption.
Jo Nesbø exploite le caractère tourmenté de son personnage, Sonny, à la fois fragile, mais déterminé et qui tue par devoir, avec compassion, voire même tristesse.
Ce roman est à la fois moral et amoral. Moral car il montre que toute personne peut oeuvrer à se racheter et à prendre un autre chemin, en tournant le dos au mal et en essayant de réparer ses fautes. Amoral, car Sonny, le tueur–vengeur apparaît comme le bon de l'histoire. Il assassine les gens dans des conditions atroces, mais suscite, chez le lecteur, de la sympathie et de l'attachement. Il suscite même de la sympathie chez certains protagonistes du roman, qui lui apportent leur aide, tout en sachant ce qu'il a fait.
Le Fils est un très bon polar comme Jo Nesbø sait en écrire, avec noirceur et surprises, notamment à la fin. Et son lot de révélations.

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