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Critique de Paulette2


Je ne connaissais pas Jo Nesbø, cet auteur norvégien aux multiples talents devenu le maître du polar scandinave. Je n'aime pas tellement les romans policiers. Pourtant à peine ai-je refermé "Eclipse totale" que j'ai rejoint la longue liste de ses fans...
Que s'est-il donc passé ?

Imaginez une flopée de personnages forts qui prennent vie en un claquement de page, deux femmes sauvagement assassinées, des fils narratifs négligemment jetés qui s'entrecroiseront au moment opportun, un lot non négligeable de rebondissements, fausses pistes et indices, un flic attachant mais ivre, doigt en métal et cicatrice en travers de la joue (Harry Hole, enchanté !), entraîné dans un compte à rebours insoutenable, un sens du tempo qui rend fou jusqu'à la dernière ligne, tout cela sous les ciel de L.A. (un peu au début) puis d'Oslo, surtout... Là-dessus un psychopathe HPI spécialiste ès parasites particulièrement cruel, qui se permet le luxe d'arriver très tôt dans le roman ( car Jo Nesbø n'est pas de ceux qui masquent l'identité de l'assassin à leur lecteur, le procédé est trop banal).
Et vous voilà avec une barre de dynamite dans les mains que vous contemplez avec délectation !

L'auteur se dit grand admirateur de Simenon, ce qui n'est pas étonnant quand on voit le soin avec lequel il explore les méandres de ses protagonistes, simplement, sans chercher à les juger ou à les manipuler à des fins narratives. Tous sont des personnages libres, les femmes (Lucille la star américaine déchue qui biberonne sec, Katrine, la courageuse policière indépendante, Alexandra, la légiste sexy) comme les hommes (Harry Hole, ses amis sympas cabossés par la vie et même le tueur, fascinant de douleur et cruauté mêlées).

Et puis il faut dire que Jo Nesbø s'amuse comme un petit fou à raconter ses histoires, à l'aise dans tous les milieux, le journalisme, la musique, chez le roi de l'immobilier ou dans une chambre d'hôpital.Pas de débats sociétaux, pas de réflexion morale dans cet univers. Juste un récit dont l'élasticité nous incite à nous lancer nous aussi dans la résolution de l'énigme. Et l'auteur est généreux en jetons : il nous fait cadeau d'informations que n'ont pas les enquêteurs, nous donne l'impression que vraiment, avec cette longueur d'avance, c'est nous qui allons remporter la mise ! On perd, bien sûr, mais on aura joué le coeur battant et c'est cela qui compte. Il n'allait quand même pas nous laisser damer le pion à l'imbattable Harry Hole !
On n'en veut même pas à l'auteur du plaisir qu'il a pris à nous balader, non, on lui est reconnaissant de nous avoir invités si généreusement dans la partie. On n'est pas déprimé non plus par la noirceur des faits. C'est noir, mais le titre nous avait prévenus, et puis on est dans un polar, après tout, peut-on lui en vouloir de jouer si bien le jeu du genre ? On a juste envie de dire merci à Jo Nesbø, qui célèbre si bien le plaisir de nous perdre dans le labyrinthe de l'humain.

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024
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