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Critique de Cigale17


Le deuxième roman de Celeste Ng, on prononce « ing » (ŋ), est au moins aussi réussi que le premier : Tout ce qu'on ne s'est jamais dit ! Comme dans le précédent roman, l'histoire commence par ce que l'on suppose être la situation finale : Mme Richardson regarde sa belle maison de Shaker Heights en proie aux flammes… Trois de ses enfants, sa fille Lexie (en terminale) et ses deux garçons, Trip (en première) et Moody (en seconde) la rejoignent au matin. Pas de doute, c'est Isabelle (Izzy), la plus jeune des enfants Richardson, qui a fait le coup et personne ne l'a vue depuis la veille. Et la veille au soir, justement, Mia et sa fille Pearl avaient rendu, dans la boîte aux lettres des Richardson, les clés de l'appartement que ceux-ci leur louaient, et elles étaient parties dans leur petite voiture chargée de bagages. Jusqu'à l'incendie, toute la ville ne parlait que de la petite Mirabelle McCullough « se demandant si le juge avait pris la bonne ou la mauvaise décision, si ses nouveaux parents auraient dû avoir la garde ou si elle aurait dû être rendue à sa mère ».

Voilà, les principaux protagonistes nous ont été présentés. Remontons jusqu'au mois de juin de l'année précédente et voyons comment on en est arrivé là. Tout commence avec l'arrivée de Mia Waren, artiste photographe, plutôt bohème, survivant essentiellement grâce à de petits boulots, et de Pearl, sa fille adolescente. Madame Richardson va louer aux deux femmes, à un loyer modique, un appartement qu'elle possède, dans un quartier moins chic que le sien bien sûr, mais de là, Pearl pourra fréquenter une bonne école. Nous en sommes aux pages 24-25, et nous comprenons déjà comment fonctionne Madame Richardson : [Elle] considérait la maison comme une forme d'oeuvre de bienfaisance […] et ne louait qu'à des personnes qu'elle estimait méritantes […] M. Yang [au rez-de-chaussée] était exactement le genre de locataire qu'elle voulait : une personne gentille à qui elle pouvait rendre service et qui lui en était reconnaissante. »

À travers Mia Waren et Elena Richardson, deux mondes vont se côtoyer et chacun a de la difficulté à comprendre comment fonctionne l'autre. Tout diffère : la façon de vivre, les valeurs primordiales, l'importance attachée à l'avis des gens, les priorités, les moyens financiers, etc. Quant aux adolescents... Pearl envie la stabilité que les parents Richardson offrent à leurs enfants alors que Izzy, puis Lexie dans des circonstances difficiles, sont fascinées par la relation de Mia avec sa fille et voudraient bénéficier parfois d'une telle bienveillance... Pour leur part, les garçons tombent amoureux de Pearl, si différente des filles qu'ils sont habitués à fréquenter.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui avance par petites touches, s'attardant tour à tour sur les personnages, développant des relations improbables, riches ou décevantes, toujours avec une grande finesse psychologique et distillant une tension qui ne fait que grandir. Comme dans le premier roman de Celest Ng, les non-dits finissent par détruire les sentiments, et la découverte de la vie par les adolescents s'avère brutalement douloureuse. L'auteure observe surtout les relations entre les femmes : femmes et filles d'un milieu social différent, mère et fille et vice versa, mais aussi mère biologique, mère adoptive, mère porteuse…

Bref, vivement le troisième !
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