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Critique de Levant


Jeune Vietnamien en son pays dans les années cinquante, Tuan endure une double peine. Il voit la guerre déchirer les siens, tandis que lui s'est épris de la culture de cet envahisseur dont le Viet Nam tente de s'affranchir. Tuan éprouve une passion enflammée pour la littérature façonnée à la langue française. Pour ses concitoyens submergés par la vague communiste, Tuan est un traitre à sa culture.

Solitaire au coeur pacifiste, on ne lui connaît d'autre amitié qu'une française à demi invalide, dont le mari a perdu la vie dans ce pays qu'elle n'envisage dès lors plus de quitter.

Tuan connaît la France non comme une puissance coloniale mais comme le creuset d'une culture qui réjouit son coeur avec les intonations mélodieuses de sa langue. Musicalité qu'il ne retrouve pas dans sa langue natale. Écrivains et poètes de cette culture vénérée, avec une prédilection pour Gérard de Nerval, le transportent dans l'atmosphère des romantiques, en ce pays qui les a vus naître et qu'il ne connaît que par leurs oeuvres. Fresques éthérées de paysages qu'il idéalise au travers de leurs poèmes et lui font envisager l'exil comme le chemin vers l'Éden. Oubliant toutefois que la hauteur de l'inspiration de ces orfèvres de la langue trouvait trop souvent son souffle sur les solitudes arides de la privation de reconnaissance de leur art. Solitude et remords qu'il pourrait bien éprouver lui aussi dans l'expatriation qu'il choisira.

Le style quelque peu puéril de ce texte nous implique à la naïveté d'un être pur. Il voudrait trouver dans les sonorités d'une langue un prélude à l'harmonie des hommes entre eux. Bel hommage à la langue française dans ce roman doux amer. Tragédie de l'écartèlement entre le devoir et les aspirations.

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