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Citations sur Sous le ciel qui brûle (9)

Lorsque le vieil homme se tenait debout à regarder la lumière déclinante sur le riz mûr, Tuan n'aurait pas été surpris de voir ses bras s'allonger en branches vers le ciel et ses jambes plonger leur racines dans la terre. Il y aurait eu dans cette métamorphose une simple continuité naturelle, un accomplissement des desseins célestes.
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Il n'était plus seulement lui-même, mais, par un effet de balancier, il était devenu cette petite fille qui s'éloignait dans la carriole et dont l'âme venait habiter son propre corps.
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Au bout du quai, Tuân s’appuyait sur un parapet. Sous ses yeux, l’eau s’animait d’une vie surnaturelle ; elle charriait des flots obscurs et emportait avec elle les songes des promeneurs. Ses pensées se mêlaient au flux des vagues et à leur murmure secret. Sur la rivière, le reflet des étoiles ressemblait aux fleurs pâles d’une tapisserie ancienne – à maints endroits, le tissu avait vieilli, l’or s’était altéré, le fil avait disparu, décousant les motifs autrefois tissés, rendant invisible l’image qui ornait le ciel ; mais, à travers ces traces, le regard pouvait rechercher dans le noir l’énigme des formes enfuies. (p. 82-83)
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Le silence avait laissé la place aux crissements des insectes et à l'appel d'oiseaux invisibles.
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Elle jouait dans le jardin
Entre les treilles de jasmin

Sur une branche, sa poupée
S'amusait et prenait le thé

Avec un grillon sous l'ombrelle
Des feuilles au parfum de miel.
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D'un geste de la main, il effleura une branche de hêtre et il en sentit la douceur dans la pureté de l'air. Il était toujours ébloui par cette énergie secrète, cette vigueur indicible et ardente. Les brindilles luisaient à la manière d'une laque ornée de nacre ; leur couleur délicate fit venir à son esprit la maison de son grand-père. C'était il y a si longtemps qu'il n'en gardait qu'une image incertaine, un rêve infusé dans les eaux noires de l'oubli. Pourtant, à mesure que refluaient ses souvenirs, le passé renaissait en lui aussi clair que le jour.
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Sa tâche était ingrate, car, pour transposer ce terme d'affaires en vietnamien, le mot việc lui semblait un peu besogneux, truyện trop littéraire, dồ imprécis. Ce vocabulaire appartenait à une tradition différente - celle de Nguyen Du et de Han Mac Tu, de sorte que traduire était toujours transformer ; il n'y avait pas de solution à la difficulté, si ce n'était l'évitement, la moindre maladresse. En faisant ce travail, Tuân se rappelait parfois les mots de son oncle, qui lors de son départ pour le Nord, l'avait accusé d'être un traître à la patrie. Pour Chinh, le français n'était que la langue de l'ennemi, marquée par la honte de la colonisation. Mais pour Tuân, c'était aussi la langue des Lumières, celle de Julie et de Saint-Preux, où se reflétait une musique pure. Il était peut-être un Việt gian, mais il ne se sentait pas plus traître que ses traductions. Tuân était amoureux de la langue française d'une façon indéfectible.
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Ce mot [affaires] semblait avoir traversé le temps, depuis l’âge classique jusqu’au siècle des Lumières, de la maison du grand Condé à l’ermitage de Montmorency, pour arriver sur sa feuille ; c’était comme un coquillage ballotté dans l’océan et déposé sous son regard : il pouvait en admirer l’enveloppe miraculeusement intacte, la spirale gracieuse, les stries nacrées, en goûter la saveur marine, et quand il le portait à son oreille, être absorbé par sa résonance. (p. 77)
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Tuân (...) se répétait que le courage, c'était cela : de garder la tête haute en dépit de tout.
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