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Critique de MMChretien


Depuis le drame qui a frappé sa famille voilà deux ans, Petula vit un véritable enfer : traverser une route, prendre l'ascenseur, passer à coté d'un chantier, manger sur une surface qui n'aurait pas été désinfectée, sans même parler de prendre l'avion… Tous ces actes du quotidien lui causent une peur panique. Elle souffre de nombreuses angoisses irrationnelles et phobies domestiques qui l'empêchent de vivre comme les adolescents de son âge, et la noient dans un pessimisme morbide. Afin de soigner son chagrin et apprendre à contrôler ses peurs, Petula fréquente un atelier d'art-thérapie dans son lycée, le Club des Tarés, comme elle l'appelait avec son ex-meilleure amie, où elle côtoie d'autres adolescent qui, comme elle, ont été bousculés par la vie, rejetés, ou ont vécu des événements tragiques : Ivan, Koula, Alfonzo, puis Jacob avec son bras bionique, qui les rejoint bientôt, se réunissent chaque semaine autour de pratiques artistiques censées les aider à aller mieux. Les membres du petit groupe peinent d'abord à s'entendre, s'agressent, s'insultent, se rejettent et restent campés sur leurs crispations respectives. Mais peu à peu, grâce à l'attitude fédératrice de Jacob, qui reste pourtant secret sur son propre drame, ils vont s'ouvrir aux autres, apprendre à s'écouter, à se respecter, créer ensemble et surtout réparer leur existence meurtrie.

A travers l'histoire de Petula et de ses parents, et celle des participants de l'atelier, le roman aborde le thème du deuil, du manque et de la perte d'un être cher. Il explore les différentes stratégies personnelles développées par les uns et les autres pour affronter le deuil et les douleurs, et les rendre un peu plus supportables : quand certains se bâtissent des protections absurdes et obsessionnelles, d'autres fuient le domicile familial, se murent dans le silence ou l'humour, ou compensent en reportant leur affection sur des animaux. Chacun à sa manière tente d'oublier et de se reconstruire mais d'une manière bien souvent bancale, car le sentiment de culpabilité est tenace. Mais ce sont finalement l'entraide et la solidarité, l'écoute et le partage qui président à la reconstruction et au retour de l'optimisme.

La belle petite équipe d'ados cabossés imaginée par Susin Nielsen est attachante par la diversité de ses profils, et leur évolution progressive attendrit le lecteur. Ce dernier entre en empathie avec eux et aimerait les prendre dans ses bras ou leur venir en aide. C'est sans surprise qu'il découvre que c'est bien souvent des milieux les plus meurtris ou défavorisés que naît la plus belle énergie, qu'émergent solidarité et espoir, grâce parfois aux coups de pouce de l'art, de l'amour et des chats !
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