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Critique de Alfaric


Dans cette deuxième et dernière partie nous suivons le règne de fer de Tseu-Hi / Cixi la dame de fer, qui régna 47 ans sur l'Empire du Milieu sans le titre de souveraine... Nous sommes dans un cynique et amoral game of thrones asiatique, et on jette les Occidentaux contre les Taipings, les Boxers contre les Occidentaux, les réformistes contre les conservateurs, les traditionalistes contre les révolutionnaires. La Dame Dragon est cruelle et impitoyable, le Grand Eunuque son confident est rusé et machiavélique : la relation entre les deux complices est trouble et tourmentée mais ils finissent toujours par se retrouver... Car ils s'entendent bien pour faire le vide autour d'eux et conserver le pouvoir : son fils Tongzhi est arrêté, interné et assassiné, son neveu Guangxu subit le même sort, et avec lui est enterrée la Réforme des Cent Jours et le rêve d'une monarchie parlementaire (et donc d'une modernisation et d'une démocratisation de la Chine), et il est fort à parier que son petit-neveu Puyi aurait connu le même sort si elle avait vécu plus longtemps... (elle qui a toujours prétendu avoir toujours oeuvré pour son pays, à quoi pensait-elle en mettant un gamin de 2 ans le trône au milieu des requins asiatiques fanatiques et des requins occidentaux racistes ??? Elle a toujours dit « c'est moi, ou le chaos », mais le chaos elle l'a sacrément bien orchestré vu qu'on n'arrive plus à distinguer le remède du poison !)
Les auteurs ont toutefois de la tendresse pour leurs rois maudits, jusqu'à répugner les faire visuellement trop vieillir malgré les années qui passent : les amants meurtriers sont finalement ce qu'on a fait d'eux, et leurs rêves et leur innocence sont morts à leur adolescence quand on les lâché dans le Vase de Gu qu'a toujours été la Cité Interdite... On s'attarde un peu sur la mal connue Rébellion Taiping (« Royaume céleste de la Grande Paix »), manipulée par les Occidentaux pour faire pression sur l'Empire (30 millions de morts, donc allez vous faire foutre) et sur la bien connue Révolte des Boxers (« Poings de la justice et de la concorde »), manipulée par l'Empire pour faire pression sur l'Occident (100000 victimes au bas mot, donc allez bous faire foutre !). Mais au final personne n'en sort grandi entre les Chinois fanatiques qui tuent sans distinction, les Mandchous tyranniques qui répriment sans distinction, et les Occidentaux racistes qui se lolent durant leurs garden-party tandis qu'on meurt en masse, que les Russes violent et que les Japonais torturent... La Chine a survécu à tout cela, même qu'ensuite elle a survécu au suprématisme de l'Empire du Soleil Levant, aux Seigneurs de la Guerre, à Tchang Kaï-chek et à Mao Zedong : elle ne nous fera désormais aucun cadeau !

Le travail du scénariste Philippe Nihoul est impeccable, riche en bons dialogues et en chouettes punchlines, et celui très coloré du dessinateur Fabio Mantovani l'est tout autant : si les compères remettait pour cela pour Wu Zetian, histoire d'avoir un souveraine chinoise positive pour faire pendant à cette de Tseu-hi de sinistre réputation, cela serait parfait ! ^^
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