La série BD Les Reines de sang s'ouvre à Chine avec cette biographie (à charge, mais pouvait-il en être autrement ?) de Ci Xi, ou Tseu Hi, concubine manoeuvrière de l'empereur Xianfeng devenue impératrice de Chine.
Ce tome relate la période où elle accède au pouvoir « derrière le paravent », en ayant éliminé les régents nommés par Xianfeng et en assurant le pouvoir au nom de son fils Tongzhi. Ci Xi va garder ce pouvoir de façon constante pendant 47 ans à partir de 1861. Elle va mater toute velléité d'autonomie de Tongzhi, écarter l'épouse qu'il s'est choisie, et qui tente de le pousser à prendre le pouvoir, puis faire de même avec son neveu Guangxu, le nouvel empereur, choisi pour son jeune âge, garantie de longues années de régence. In fine, elle désignera le jeune Puyi (« le dernier empereur » de Bertolucci) pour lui succéder.
La Chine sous sa férule va un temps accepter le soutien des puissances occidentales face à la révolte des Taiping, secte d'inspiration chrétienne qui assiégeait Shangaï. Après avoir accepté une certaine ouverture à l'Occident, elle va en sous-main soutenir la révolte des Boxers, révolte anti-européenne (« les longs nez »), qui conduit au siège du quartier des légations : les fameux 55 jours de Pékin, qui sont le thème du film homonyme.
Le scénario fait la part belle au grand eunuque, Li Lieng Ying, qui inspire la politique de Ci Xi. Les relations entre les deux sont l'occasion d'une série d'appellations réciproques qui font sourire : « ma vénéneuse orchidée », « mon araignée de soie », « mon beau chapon à l'esprit retors »… Pas mal de scènes érotiques unissent le duo. Cette version romancée va loin dans l'union des deux complices.
Philippe Nihoul ne développe vraiment que deux événements : la révolte des Taiping, et la tentative de prise de pouvoir de Tongzhi, qui est associée à de nombreuses manoeuvres de la part de Ci Xi pour pouvoir continuer à diriger le pays dans l'ombre. le reste de son histoire est traité assez sommairement.
Le dessin déroute un petit peu au début, puis finalement passe bien, même si certaines des dernières pages semblent avoir été hâtivement crayonnées.