Le manga, comme tous les moyens médiatiques et formes d'expression artistiques, renvoie à chacun une image de lui-même, de la société dans laquelle il agit, du monde dans lequel il évolue, de l'humanité à laquelle il appartient. Le manga, où se côtoie le pire et le meilleur, n'explique pas tout et ment beaucoup, mais il enseigne énormément. Voilà pourquoi d'aucuns le qualifient d'école de la vie japonaise.
Le manga est ainsi né d'un mariage de traditions artistiques séculaires et d'influences étrangères, dans un contexte politico-économique propice. Il a mué au fil des décennies, grandi, grossi se nourrissant d'une riche matière sociale et d'une créativité phénoménale. D'artisanal et confidentiel, il devint commercial et industriel.
Quelques trente ans plus tard, en 1984, le Premier ministre nippon d'alors, Yasuhiro Nakasone, ne dira-t-il pas que, grâce à Atomu, "les Japonais considèrent les robots comme des frères : le jour de l'an, les ouvriers leur servent une bière." " C'est en partie grâce à Atomu que les Nippons sont devenus les premiers développeurs, fabricants et utilisateurs d'automates", rencherissait en 2008 un responsable du ministère des Affaires étrangères japonais. Outre un animisme séculaire, c'est aussi du fait de l'humanisme dont fait preuve Atomu que les Japonais ne voient pas comme une ineptie le fait de cohabiter avec des humanoïdes mécatroniques truffés de capteurs et autres composants. (P. 133)